On peut critiquer l’Union européenne et vouloir en sortir, et en même temps en profiter allègrement et de façon éhontée. La présidente du FN a reconnu devant les enquêteurs de l’Olaf, organisme antifraude de l’UE, avoir salarié fictivement son garde du corps Thierry Légier comme assistant parlementaire pour « régulariser des salaires et charges » non réglés, selon un rapport de l’Olaf dévoilé jeudi par Mediapart et Marianne. Le rapport a été transmis à la justice française qui, elle, enquête depuis mars 2015 sur des soupçons d’emploi fictif du parti d’extrême droite au Parlement européen. Sur les deux mandatures examinées par l’Office antifraude, l’élue de la circonscription Nord-Ouest a embauché pas moins de douze assistants (trois assistants accrédités et neuf assistants locaux), note Marianne. Selon les enquêteurs de l’Olaf, la réalité du travail fourni pose véritablement question pour deux d’entre eux : Thierry Légier et Catherine Griset.

Le Parlement européen, sur la base de ce rapport confidentiel de 28 pages, avait engagé une procédure de recouvrement concernant les salaires versés à ces deux collaborateurs de Marine Le Pen, pour un total de 339 946 euros. Après un premier contrat de quatre mois, en 2009, Thierry Légier, qui assure la sécurité rapprochée de Marine Le Pen depuis son élection à la tête du FN, en janvier 2011, en a signé un second du 1er octobre au 31 décembre 2011. Il bénéficiait alors d’une rémunération mensuelle de 7 237 euros net pour un trois-quarts temps. L’équivalent de « 9 649 euros net à temps plein », précisent les enquêteurs de l’Olaf, qui ont tiqué sur cette rémunération qualifiée d’« extrêmement élevée », souligne Marianne. Pour l’Office antifraude, « ce contrat de travail à durée déterminée signé par Mme Le Pen ne correspond pas à la réalité. » La réalité du travail fourni pose également question pour une deuxième collaboratrice de Mme Le Pen : Catherine Griset. L’OLAF estime que le « préjudice total subi » par le Parlement européen s’élève à 339 946 euros. Et les auteurs du rapport de souligner dans leurs conclusions, rappelle Marianne, que « les faits en question pourraient être constitutifs d’infractions pénales d’abus de confiance, voire d’escroquerie, ainsi que de faux et d’usages de faux, selon les dispositions respectives du code pénal français ».