Un étudiant en ingénierie lors de la première édition du Steria Hacking Challenge, un concours de hacking éthique, à Meudon (Hauts-de-Seine), en mars 2013. | THOMAS SAMSON/AFP

Chaque année, plusieurs centaines de millions de cyberattaques ont lieu en France. Un phénomène en expansion lié à la diffusion des outils numériques – croissance des réseaux, apparition des objets connectés… – et à l’obsolescence de certains systèmes informatiques qui deviennent plus vulnérables.

Résultat : « La sécurité devient une préoccupation croissante des entreprises », affirme Olivier Blazy, responsable de la deuxième année du master Cryptis de l’université de Limoges. Créé il y a trente ans, celui-ci forme des experts en sécurité ­informatique et en cryptographie : « Il s’agit de trouver le bon compromis pour garantir la sécurité et l’authenticité d’un message, tout en facilitant le processus d’utilisation dans un contexte professionnel », ­explique-t-il.

Dans ce contexte, nombre d’établissements ont développé des cursus ou spécialisations en sécurité informatique. Jusqu’ici, les formations reconnues par l’Etat étaient répertoriées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui recensait notamment une vingtaine de masters.

« Hacking éthique »

Pour aller plus loin, l’agence vient de lancer un label baptisé SecNumEdu, visant à garantir que la formation « répond à une charte et des critères définis par l’Anssi en collaboration avec les acteurs et professionnels du ­domaine ». En particulier, les responsables de formation doivent s’assurer que « lorsque des aspects concernant la sécurité ­offensive sont abordés, les contre-mesures correspondantes sont également présentées, avec leurs limites éventuelles ». Autrement dit, les étudiants sont formés au « hacking éthique ».

Diplômé du master Secrets (Sécurité des contenus, des réseaux, des télécommunications et des systèmes) de l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Andrei Dumitrescu est ce que l’on appelle un « white hat » (« chapeau blanc »), par opposition aux pirates que sont les « black hats ». Consultant en sécurité informatique chez Lexsi, il fait partie du pôle chargé de réaliser des tests d’intrusion. Un poste qui lui permet de combiner le « plaisir du hacking », en s’amusant de « voir jusqu’à quel point on peut exploiter une faille dans un système », avec « la satisfaction de contribuer à améliorer la sécurité du client ».

« 80 % des étudiants de M 2 sont recrutés directement après leur stage », Olivier Blazy, responsable de la deuxième année du master Cryptis de l’université de Limoges

Avec Conix, Bull ou Worldline, ce type d’entreprises spécialisées dans la sécurité informatique constituent les premiers recruteurs des diplômés de master. « Les PME n’ont pas les moyens d’avoir une équipe sécurité en interne, tandis que les grands groupes voient difficilement le retour sur investissement, explique Olivier Blazy. En effet, avoir un pôle sécurité, ce n’est pas de l’argent qu’on gagne, mais de l’argent qu’on ne perd pas ». Et de citer Google qui « a une Red Team ­capable de réagir en cas d’attaque, mais ne se préoccupe pas de faire de la prévention ».

Autre débouché possible : le ministère de la défense et la Délégation générale à l’armement. « Les institutions publiques embauchent davantage depuis trois ans », observe Gilles Zémor, responsable du master Cryptologie et sécurité informatique à l’université de Bordeaux, qui note « une prise de conscience du politique. La protection contre la ­cybercriminalité est ­devenue un enjeu de sécurité nationale et le secteur est globalement porteur », souligne-t-il. « 80 % des étudiants de master 2 sont recrutés directement après leur stage », évalue Olivier Blazy, ­confirmant la bonne insertion professionnelle dans un secteur où les salaires d’embauche ­s’établissent entre 30 000 et 35 000 euros bruts par an.

Participez à « O21, s’orienter au 21e siècle »

Comprendre le monde de demain pour faire les bons choix d’orientation aujourd’hui : après Lille ( les 6 et 7 janvier), et Cenon (près de Bordeaux, les 10 et 11 février au Rocher de Palmer)« Le Monde » organise son nouvel événement O21 à Villeurbanne (les 15 et 16 février) et à Paris (4 et 5 mars, à la Cité des sciences et de l’industrie). Deux jours pendant lesquels lycéens et étudiants peuvent échanger avec des dizaines d’acteurs locaux innovants, qu’ils soient de l’enseignement supérieur, du monde de l’entreprise ou des start-up.

Pour participer à une ou plusieurs conférences et ateliers, il suffit de s’inscrire gratuitement en ligne, à O21 Villeurbanne et O21 Paris. Le ministère de l’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les enseignants et établissements peuvent y emmener leurs élèves sur le temps scolaire. Pour les classes ou les associations, les inscriptions s’effectuent de façon groupée par l’envoi d’un simple e-mail à l’adresse o21lemonde@lemonde.fr.

Lors de ces événements sont également diffusés des entretiens en vidéo réalisés avec trente-cinq personnalités de 19 ans à 85 ans qui ont accepté de traduire en conseils d’orientation pour les 16-25 ans leur vision du futur.

Placé sous le haut patronage du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, O21 est également soutenu, au niveau national, par quatre établissements d’enseignement supérieur (Audencia, l’Essec, l’Epitech, et l’alliance Grenoble école de managementEM Lyon). Localement, l’événement est porté par les conseils régionaux des Hauts de France, de Nouvelle Aquitaine et d’Ile-de-France, les villes de Cenon et de Villeurbanne et des établissements d’enseignement supérieur.