Colonisation et « crime contre l’humanité » : ce qu’a dit Emmanuel Macron
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Ses propos sur la colonisation – « crime », « crime contre l’humanité » et « vraie barbarie » –, tenus lors d’un déplacement en Algérie, ont provoqué la polémique à droite. Le candidat du mouvement En marche ! à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron persiste et signe dans un entretien au Figaro, publié vendredi 17 février.

« Je ne veux pas faire d’anachronisme ni évidemment comparer cela avec l’unicité de la Shoah, mais la colonisation a bel et bien comporté des crimes et des actes de barbarie que nous qualifierions aujourd’hui de crimes contre l’humanité. »

« La France est aujourd’hui bloquée par les passions tristes de son histoire », fait valoir l’ancien ministre de l’économie, qui plaide pour la réconciliation « des mémoires fracturées ».

Invité à réagir sur la situation dans les banlieues, qui connaissent un climat de tension dans le sillage de l’affaire Théo L., M. Macron juge qu’il faut « lutter contre l’inégalité des chances et des destins ». « Le cœur de la réponse de long terme à ces quartiers est éducatif, économique et social », ajoute-t-il. Il propose ainsi, entre autres, de diviser le nombre d’élèves dans les classes de CP et CE1 dans les quartiers difficiles ainsi que de promouvoir la mobilité via « l’entrepreneuriat et la réussite économique ».

A ses yeux, il « faut donc également une réponse sécuritaire et républicaine ». Le candidat détaille ainsi les fondements de sa politique sur ce sujet revenu au centre des débats. « Ma politique est celle de la tolérance zéro à l’égard de la délinquance, comme de tout excès en termes de violence policière », prévient-il.

Dans cette perspective, il propose de construire 15 000 places de prison durant le prochain quinquennat. « Trop souvent, ce type de décision est pris en fin de mandat. Je poursuivrai les bonnes décisions de Jean-Jacques Urvoas [actuel ministre de la justice]. » Dans un rapport remis fin septembre 2016, le garde des sceaux avait préconisé la construction d’ici 2025 d’environ 10 000 à 16 000 cellules.

Contre la majorité pénale à 16 ans

M. Macron propose également de revenir sur la réforme pénale de l’ancienne ministre de la justice, Christiane Taubira, en supprimant « le principe de l’automaticité d’aménagement des peines inférieures à deux ans ». Selon l’ancien ministre de l’économie, ce système « conduit soit à durcir les peines pour être certain qu’elles connaissent un début d’exécution, soit à les rendre inutiles puisqu’elles ne sont pas exécutées ». « Je crois à la peine immédiate et concrète », précise-t-il.

Il illustre son propos par une série de chiffres relatifs à l’usage de stupéfiants : les 170 000 interpellations menées en 2014 n’ont donné lieu qu’à 30 000 audiences judiciaires, dont 22 000 n’ont abouti qu’à des amendes de 296 euros en moyenne. « C’est décourageant pour les forces de l’ordre et cela donne aux délinquants un sentiment d’impunité. » M. Macron propose donc d’infliger en tel cas une amende instantanée, d’une centaine d’euros, « plus dissuasive et efficace ».

Sur l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, proposé par le candidat de la droite François Fillon, l’ancien ministre juge qu’il n’a aucun sens, « sauf s’attaquer au symbole ». M. Macron doit revenir sur ces propositions lors d’un déplacement vendredi et samedi dans le Vaucluse et le Var.