LA LISTE DE NOS ENVIES

En cette période de vacances scolaires qui se prolonge pour certaines zones jusque début mars, pourquoi ne pas en profiter pour sortir en famille… à Paris ou ailleurs ?

THÉÂTRE. Soixante ans de calvitie, ça se fête à La Huchette, à Paris

Le Théâtre de la Huchette – situé dans la même rue que le Caveau de la Huchette, qui connaît un regain de popularité grâce au film La La Land – fête un anniversaire unique dans les annales : les 60 ans de La Cantatrice chauve et de La Leçon. Depuis le 16 février 1957, ces deux pièces d’Eugène Ionesco sont jouées sans interruption dans la petite salle parisienne du quartier de Saint-Michel : 18 000 représentations, 2 millions de spectateurs, venus du monde entier, des comédiens qui se sont relayés par centaines sur le tout petit plateau.

Il faut, au moins une fois dans sa vie, aller à La Huchette (avec les enfants, c’est encore mieux) pour voir La Cantatrice chauve et La Leçon, dans leurs mises en scène d’origine, signées de Marcel Cuvelier et Nicolas Bataille. Parce que c’est une curiosité théâtrale, et parce que c’est Ionesco, bien sûr. Jusqu’à sa mort, en 1994, l’auteur est revenu de temps à autre à la Huchette. Il disait : « Un grand succès dans un petit théâtre vaut mieux qu’un petit succès dans un grand théâtre, et encore mieux qu’un petit succès dans un petit théâtre. »

Pour rendre hommage à cet inaltérable succès, les comédiens proposeront plusieurs soirées dans l’année, dont une Nuit absurde (celle du 4 au 5 mars), pendant laquelle diverses versions de La Cantatrice chauve et de La Leçon seront présentées. Brigitte Salino

Théâtre de la Huchette, 23, rue de la Huchette, Paris 5e. Tél. : 01-43-26-38-99. M: Saint-Michel. La Cantatrice chauve, à 19 heures ; La Leçon, à 20 heures. Relâche dimanche. 17 € (ou 31 € pour les deux pièces).

ARTS URBAINS. Les brutes de Cleon Peterson à la Galerie du Jour, à Paris

« This is a Darkness », acrylique sur toile (triptyque), de Cleon Peterson. | GALERIE DU JOUR

L’artiste Cleon Peterson, qui vit et travaille à Los Angeles, avait fait ses premiers pas sur la scène parisienne en 2014 avec une longue fresque dans les entrailles du Palais de Tokyo, puis une apparition dans l’espace Découvertes de la Galerie du Jour en 2015, avant d’être convié à créer une peinture monumentale sous la tour Eiffel à l’occasion de la Nuit blanche 2016. La galerie d’Agnès b. lui a cette fois ouvert son large espace, côté cour, avec une exposition dans laquelle il déploie son univers à la violence sourde.

Sous l’intitulé de « Victory », c’est en effet un déchaînement de corps à corps, de coups et de blessures assénés sur toile ou en sculpture. Mais ce qui frappe tout autant chez lui, c’est le contraste entre cette sauvagerie débridée et la sobriété de son esthétique en deux dimensions et en noir et blanc, dans des scènes intemporelles qui évoquent aussi bien les mythes anciens à la façon des vases grecs que l’actualité. Partout, de musculeux colosses, féroces archétypes, gourdin ou poignard à la main, en dominent d’autres.

« L’exposition raconte la victoire d’un homme sur un autre, à quoi ressemble cette victoire, et les effets qu’elle exerce sur les perdants » : c’est ainsi que l’artiste de 43 ans, qui a connu la vie dans la rue, la drogue et la prison, décrit son travail. Hormis sa descente aux enfers, qui nourrit aujourd’hui son travail, Cleon Peterson s’était d’abord fait un nom en tant qu’illustrateur dans le milieu du skateboard, puis a travaillé dans le studio de Shepard Fairey (Obey) avant de se consacrer à sa propre création. A ne pas rater : l’exposition se termine ce samedi à 19 heures. Emmanuelle Jardonnet

« Victory » à la Galerie du Jour, 44, rue Quincampoix, Paris 4e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.

CONTE. Mélancolie Motte donne vie à « La Femme moustique », à Chevilly-Larue

Mélancolie Motte dans « La Femme moustique ». | © DIDIER NOGHERO

Lauréate du Grand Prix du jury et du prix Personnalité, décernés par la Maison du conte de Chevilly-Larue, à ses débuts en mai 1998, la conteuse Mélancolie Motte y revient régulièrement pour montrer ses nouveaux spectacles. C’est le cas pour sa création 2016, La Femme moustique, qu’elle présente à la médiathèque de la ville, du 21 au 25 février (avec plusieurs dates réservées aux scolaires). Après avoir charmé nos oreilles avec les aventures de Nanukuluk, l’enfant sauvage, elle nous invite à un nouveau voyage initiatique sur les pas d’un jeune garçon échappé d’un puits.

S’inspirant de plusieurs versions d’un conte traditionnel, venues de différents pays, de la Kabylie à la Syrie, en passant par la Palestine, elle tisse son propre récit en écho avec des problématiques contemporaines, comme la relation mère-fils ou la résistance à la dictature. Autour de son jeune héros confronté à une série d’épreuves gravite toute une galerie de personnages : le roi aveuglé par l’amour ; l’ogresse transformée en femme moustique, et sa famille d’ogres ; les épouses, dont sa mère, enfermées sous terre, les yeux arrachés, par jalousie.

Avec ce « conte monstrueux du merveilleux », Mélancolie Motte incite les spectateurs à réfléchir en famille (à partir de 9 ans) sur des questions d’actualité : que signifie grandir, quitter le cocon maternel, pour se construire sa propre personnalité ? ; pourquoi et comment décide-t-on de résister (ou non) face à un pouvoir arbitraire et injuste ? ; qu’implique le fait de vivre sous le joug d’une dictature ? Cristina Marino

Médiathèque Boris-Vian, 25, avenue Franklin-Roosevelt, 94550 Chevilly-Larue. Représentations spéciales scolaires, les mardi 21, jeudi 23 et vendredi 24 février. Représentations publiques le mercredi 22 février à 14 h 30 et samedi 25 février à 16 heures. Entrée libre sur réservation auprès de la Maison du conte.

DANSE. Les Hivernales mêlent danseurs et acrobates, à Avignon

« Le Syndrome Ian », un spectacle chorégraphié par Christian Rizzo, à l’affiche des Hivernales d’Avignon. | © MARC COUDRAIS

Pour le deuxième week-end de cette nouvelle édition des Hivernales d’Avignon, qui ont démarré le 6 février et se clôtureront le 25 février, le menu s’annonce composite. Samedi, Yvann Alexandre présente son nouvel opus, Les Fragments mobiles, in situ à l’intérieur de l’espace monumental de la Grande Audience du Palais des papes. Au carrefour de la danse et du cirque, les acrobates Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, ici en complicité avec Lucien Reynès, effeuillent les mille et un masques qui dissimulent ou révèlent le visage dans La Mécanique des ombres, qui a reçu le 1er Prix du jury et le Prix du public de la plate-forme (Re)connaissances 2016. Inspiré par Joy Division, le spectacle Le Syndrome Ian, chorégraphié par Christian Rizzo, est également à l’affiche.

A découvrir dimanche, un plateau de jeunes pousses composé de Liam Warren, Julie Alamelle et Wendy Cornu. Quant à Amala Dianor, il tourne avec succès sa pièce De(s)génération, qui rassemble plusieurs générations de danseurs hip-hop pour soulever les questions des fondamentaux du mouvement apparu il y a plus de trente ans entre bitume, défi, prouesses individuelles et sens de la communauté. Rosita Boisseau

Les Hivernales, Avignon. Jusqu’au 25 février. Tél. : 04-90-82-33-12. De 6 à 32 €.

MARIONNETTES. La compagnie Tro-héol met en scène l’enfance et ses peurs, à Saint-Denis

« Je n’ai pas peur », un spectacle de théâtre et marionnettes, par la compagnie Tro-héol, tout public dès 10 ans. | © PASCAL PÉRENNEC

Qui n’a jamais joué à se faire peur quand il était enfant ? C’est autour de ces terreurs enfantines que la compagnie Tro-héol, codirigée par Martial Anton et Daniel Calvo Funes, a construit son spectacle Je n’ai pas peur (créé en 2014), adapté du roman de l’Italien Niccolo Ammaniti (paru en format poche chez 10/18, en 2014). Récompensé par le prix Viareggio en 2001, ce livre a été porté à l’écran en 2003 par Gabriele Salvatores sous le titre L’été où j’ai grandi.

Grâce à un subtil et astucieux mélange entre personnages incarnés par des marionnettes manipulées et personnages interprétés par des comédiens, avec une mise en scène largement inspirée du cinéma italien des cinquante dernières années, la compagnie Tro-héol plonge les spectateurs dans l’univers du jeune héros, Michele, 9 ans, qui vit avec ses parents et sa sœur dans un petit village du sud de l’Italie à la fin des années 1970. Le temps d’un été, Michele va faire l’apprentissage de la cruauté de l’existence et du poids de certains secrets qu’il vaut mieux parfois taire. Un récit initiatique à découvrir en famille (à partir de 10 ans). C. Mo.

Théâtre Gérard-Philipe (TGP), 59, boulevard Jules-Guesde, 93207 Saint-Denis Cedex. Représentations spéciales jeune public le mercredi 22 février à 14 h 30, le jeudi 23 février à 9 h 30 et 14 heures, le vendredi 24 février à 14 heures et 19 heures.