Plusieurs centaines de militants anti-nucléaires se sont réunis samedi 18 février à Bure (Meuse) pour protester contre le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs. Ce rassemblement a été marqué par des incidents, qui ont abouti à deux interpellations, selon la préfecture.

Réunis derrière le mot d’ordre « qu’ils nous expulsent ou pas, on sera dans le bois », ces militants – environ 500 selon les organisateurs – ont « construit de nouvelles cabanes et des barricades » dans le bois Lejuc, un terrain retenu pour l’installation des cheminées d’aération de galeries souterraines, a expliqué à l’AFP l’un d’eux, qui se fait appeler Michel.

Les opposants à Cigéo estiment que l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, en charge du projet) a entamé illégalement des travaux dans ce bois. Ils l’occupent depuis plusieurs mois pour empêcher leur poursuite.

L’Andra va déposer plainte

Selon la préfecture de la Meuse, la situation a dégénéré en milieu d’après-midi, quand « un groupe d’une cinquantaine d’individus cagoulés, armés de pierres ou d’engins incendiaires, s’est attaqué à la clôture de l’écothèque, bâtiment appartenant à l’Andra, a élevé une barricade de pneus et les a enflammés ».

« Devant leur avancée et leur intention manifeste de s’attaquer aux bâtiments et aux gendarmes placés devant ces derniers pour les sécuriser, les gendarmes ont été contraints de faire usage de la force pour se protéger et protéger les bâtiments », poursuit la préfecture dans un communiqué diffusé samedi soir, soulignant que les opposants ont « déclaré deux blessés légers ».

« Des dégradations ont été constatées. L’Andra compte déposer plainte. Une enquête est en cours. Deux interpellations ont d’ores et déjà été effectuées », conclut la préfecture.

Les opposants à Cigéo avaient reçu samedi matin le soutien du candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot. « Le stockage des déchets nucléaires doit être réversible, tout mon soutien aux manifestants de ce samedi », avait tweeté le député européen.

Des semaines à venir cruciales

Les semaines à venir s’annoncent cruciales pour les militants anti-Cigéo, engagés dans une guérilla juridique contre l’Andra. Le 22 février, la justice doit se prononcer sur l’expulsion d’un militant installé dans le bois Lejuc.

Quelques jours plus tard, le tribunal de Bar-le-Duc devra dire, en appel, si des travaux de défrichement entrepris par l’Andra dans ce bois étaient légaux. En première instance, le tribunal avait ordonné l’arrêt des travaux. Le 28, ce sera au tribunal administratif de Nancy de dire si la cession du même bois à l’Andra s’est faite, ou non, dans les règles.

Le projet Cigéo consiste à enfouir à 500 m sous terre, à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne, quelque 4 % des déchets radioactifs produits en France, qui représentent à eux seuls 99 % de la radioactivité de l’ensemble.