Le vice-président américain Mike Pence (à droite) et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, le 20 février à Bruxelles. | VIRGINIA MAYO / AFP

Il n’est pas certain que Mike Pence, le vice-président américain, aura réussi à rassurer les Européens, lundi 20 février, lors de sa première visite à Bruxelles. Pas certain, non plus, qu’il sera parvenu à réparer les dégâts causés par les Tweet ravageurs de Donald Trump, et par ses propos de la mi-janvier, juste avant son investiture, quand le président avait semblé vouloir affaiblir l’Union européenne (UE) en déclarant que le Brexit était une chose « formidable » et en critiquant brutalement la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés, qualifiée de « désastreuse ».

Lors d’une conférence de presse commune avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, M. Pence a certes promis de « poursuivre » et même d’« approfondir » la relation entre les Etats-Unis et l’UE. Il a aussi souligné « l’engagement des Américains à coopérer pour la prospérité » des Etats-Unis et de l’Union, « à défendre nos populations et à lutter contre le terrorisme ». « Le président Trump m’a demandé d’aller à Bruxelles pour vous envoyer ce message, ajoutait-il. Quelles que soient nos différences, nos deux continents ont un héritage commun, les mêmes valeurs, et par-dessus tout, la même volonté de promouvoir la paix et la prospérité grâce à la liberté et à l’Etat de droit ».

Le vice-président américain a même fait brièvement référence à l’histoire de la construction européenne, rappelant qu’elle a « modestement commencé » avec l’accord de Paris de 1951 instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier, pour devenir finalement le marché unique européen. Il a aussi mentionné les attentats de Bruxelles de mars 2016, présentant à nouveau les « condoléances des Etats-Unis ».

Ses propos sont toutefois restés très généraux, comme si son administration se voulait soudain prudente, ou en attente d’un dialogue plus approfondi avec les dirigeants qui, dans quelques mois, prendront les rênes du pouvoir, à l’issue des élections en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, voire en Italie.

M. Pence, qui a rencontré par ailleurs la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, n’a pas abordé la question du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), le traité de libre-échange en cours de négociation entre Washington et Bruxelles. Il n’a pas levé l’ambiguïté sur la position de l’administration Trump à l’égard des sanctions contre la Russie, instaurées après l’annexion de la Crimée. « Nous sommes attachés à l’intégrité et à la souveraineté territoriales », a-t-il déclaré, tout en soulignant que les Etats-Unis cherchaient une « nouvelle voie » dans leurs relations avec Moscou.

Donald Tusk a répliqué à son interlocuteur en indiquant que « les Américains et les Européens doivent mettre en pratique ce qu’ils ont promis », tout en insistant sur le fait que « le monde serait dans un bien moins bon état si l’Europe n’était pas unie » et qu’« on n’inventera rien de mieux que l’UE ».

Accueil mouvementé

Le vice-président américain, Mike Pence, a été accueilli par des manifestants hostiles, lundi 20 février au matin, à Bruxelles, lors de son arrivée pour un entretien avec la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini.

Au pied des institutions européennes, une centaine de personnes s’étaient rassemblées en début de matinée. Les slogans visaient tour à tour les politiques jugées inquiétantes sur l’immigration, les droits des femmes ou la santé. « Nous protestons contre la visite de Pence parce que nous sommes révoltés par les décisions de l’administration américaine qui attaquent les droits des femmes dans le monde entier », a par exemple dénoncé Irene Donadio, de la Fédération internationale des plannings familiaux (IPPF).

L’OTAN, garante d’un « monde plus sûr »

Connu à Bruxelles pour ses prises de position souvent abruptes et sans langue de bois, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, qui a rencontré M. Pence dans la foulée, a pour sa part déclaré que « les Etats-Unis ont besoin d’une UE forte et unie sur tous les sujets », ajoutant : « Ce n’est pas le moment pour l’Europe de se diviser. » Un rappel qui s’adressait aussi bien, semble-t-il, à certains dirigeants de l’Union qu’à ceux qui, à Washington, rêvent de diviser celle-ci.

A l’OTAN, où il se rendait ensuite, le vice-président a répété, au cours d’une conférence de presse avec le secrétaire général, Jens Stoltenberg, des propos beaucoup entendus au cours des derniers jours. Porteur, déclarait-il, d’un message de M. Trump pour les membres de l’Alliance atlantique, il voulait rassurer : le président avait évoqué une OTAN « obsolète », il juge désormais, selon M. Pence, qu’elle est la garante d’un « monde plus sûr » et qu’elle joue « un rôle crucial pour la paix et la prospérité ».

Imperturbable face aux questions mettant en évidence les différences entre ces propos et ceux de la campagne électorale, M. Pence tenait aussi à tempérer des prises de position antérieures de M. Trump sur la Russie, invitée désormais à favoriser une désescalade en Ukraine. M. Pence a, en revanche, appuyé une autre revendication du président : un plus grand engagement des Européens pour leur défense. Le burden sharing (« partage du fardeau ») sera visiblement « le » sujet des mois à venir, d’autant que l’administration républicaine dit attendre « des actes et pas seulement des paroles » dès la fin de l’année. Il faut des progrès « immédiats et sérieux », a insisté le vice-président.