L’affaire d’Aulnay-sous-Bois, devenue hautement politique, a déclenché de nombreux mouvements de protestation en France et des incidents qui ont duré plusieurs jours dans certaines villes de la région parisienne. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Le tribunal de Bobigny rend lundi 20 février son jugement à l’encontre d’un policier municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis), accusé d’avoir violenté avec sa matraque un jeune homme lors d’une interpellation mouvementée en 2015.

L’affaire et le procès, en janvier, avaient fait peu de bruit. Le dossier a pris un nouvel écho avec la révélation de l’affaire d’Aulnay-sous-Bois, dans laquelle un jeune homme de 22 ans, Théo L., a été victime d’un viol suspecté au moyen d’une matraque lors de son interpellation par des policiers le 2 février. L’affaire d’Aulnay, devenue hautement politique, a déclenché de nombreux mouvements de protestation en France et des incidents qui ont duré plusieurs jours dans certaines villes de la région parisienne.

Le policier municipal de 33 ans est poursuivi pour avoir exercé des violences sur Alexandre, désormais âgé de 29 ans, qu’il avait interpellé avec sa patrouille dans la soirée du 29 octobre 2015 en état d’ébriété. Pour le contraindre à monter dans un véhicule, le fonctionnaire avait fait usage de sa matraque télescopique.

Pendant sa garde à vue, le jeune homme s’était plaint de douleurs, affirmant qu’un policier lui avait introduit une matraque dans l’anus.

A l’hôpital, un médecin avait constaté une « plaie ouverte profonde de 1,5 cm » au niveau de l’anus et Alexandre s’était vu prescrire dix jours d’interruption totale de travail (ITT).

Au terme de l’enquête, ce policier a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « violence aggravée ». Devant les enquêteurs, il avait expliqué que le bâton avait dérapé alors qu’il tentait de maîtriser l’homme qui se débattait.

« Violences policières indéniables »

Lors de son procès, le 16 janvier, le procureur a évoqué des « violences policières indéniables ». Il a toutefois écarté la requalification en viol demandée par les avocats d’Alexandre, estimant que le geste avait peut-être une « connotation sexuelle » mais ne revêtait pas pour autant un « caractère sexuel ». Il a requis six mois de prison avec sursis et une interdiction professionnelle d’un an à l’encontre du policier municipal.

« Depuis le tout début, je regrette que le parquet ait tué toute forme de débat en décidant par avance que ça n’avait rien de sexuel », a déclaré un des avocats d’Alexandre, Me Joseph Cohen-Sabban.

Le conseil espère que le tribunal décidera d’un renvoi devant un juge d’instruction, « ou alors c’est à ne plus rien comprendre de la justice ». Me Cohen-Sabban a ajouté que, sans l’émotion suscitée par le cas de Théo, « il n’y aurait aucune chance » que le tribunal aille dans ce sens.