Le général César Milani à Buenos Aires, en 2015. | Rodrigo Abd / AP

Coup de théâtre en Argentine. Depuis vendredi 17 février, le général César Milani, chef de l’armée argentine entre 2013 et 2015 sous la présidence de la péroniste Cristina Kirchner, est emprisonné pour son implication présumée dans des enlèvements et des tortures durant la dictature militaire (1976-1983).

Le général est accusé de l’enlèvement et des tortures infligées, entre 1976 et 1977, à Pedro Olivera, à son fils Ramon et à Veronica Matta, dans la province de La Rioja (nord-ouest du pays), ainsi que de la disparition, dans le nord de l’Argentine, du jeune conscrit Alberto Ledo. Le général Milani, qui a toujours nié avoir participé à ces enlèvements, est aussi poursuivi pour enrichissement illicite.

Sa nomination comme chef de l’armée avait provoqué une levée de boucliers des organisations de défense des droits de l’homme, qui avaient dénoncé son rôle pendant les années de plomb. Il avait été farouchement défendu par Mme Kirchner et ses partisans. Parmi eux, la présidente des Mères de la place de Mai, Hebe de Bonafini, figure légendaire devenue polémique en raison de son adhésion inconditionnelle aux anciens gouvernements Kirchner (2003-2015), qui avaient pourtant fait des poursuites contre les anciens tortionnaires leur principal étendard. Des milliers d’opposants sont morts ou ont disparu pendant la dictature.

« Incohérence » et « hypocrisie »

Ex-directeur des services de renseignement militaire, le général avait mis en place un puissant réseau d’espionnage sous le gouvernement de Mme Kirchner. Il est également soupçonné d’être impliqué dans la mort suspecte du procureur Alberto Nisman, le 18 janvier 2016. La justice n’a toujours pas déterminé si le magistrat, qui avait porté de graves accusations contre Mme Kirchner, s’est suicidé ou s’il a été tué.

L’arrestation du général Milani a été saluée par les familles des victimes, les associations de défense des droits de l’homme et des dirigeants politiques. « C’est la récompense d’une lutte de nombreuses années », a confié Ramon Olivera, qui avait dénoncé le général Milani. Son père, Pedro, fut torturé, au point d’être resté hémiplégique. Graciela Ledo, sœur du jeune conscrit disparu, s’est félicité de cette arrestation estimant « que c’est un premier pas pour que justice soit faite et contre tous ceux qui affirmaient que Milani ne méritait pas d’être jugé à partir de nos accusations ».

La vice-présidente Gabriela Michetti (centre droit) a critiqué « l’incohérence » et « l’hypocrisie » des partisans des Kirchner, qui avaient défendu le général. En revanche, Cristina Kirchner, qui a l’habitude de s’exprimer sur les réseaux sociaux, s’est gardée de tout commentaire.