Larry Coryell, l’un des deux guitaristes essentiels du jazz fusion avec John McLaughlin, est mort dimanche 19 février à l’âge de 73 ans dans l’hôtel où il résidait à New York, a annoncé son attaché de presse mardi.

Le musicien américain venait de donner deux concerts à l’Iridium, un club de jazz new-yorkais. Parmi les nombreux albums de ce musicien qui a renouvelé l’art de la guitare jazz figure en première ligne Spaces (1969), sur lequel jouent avec lui le pianiste Chick Corea et John McLaughlin. Né à Galveston au Texas en 1943, Larry Coryell a grandi à Seattle, où il a appris le piano avant de se tourner vers la guitare et le ukulélé.

Après avoir débuté dans des groupes de country et de rock, il s’était tourné vers le jazz dans les années soixante. Chico Hamilton, Charles Lloyd, Gary Burton et Mitch Mitchell, musiciens dont les horizons allaient bien au-delà du jazz, sont quelques-unes des rencontres importantes qu’il fit à son arrivée à New York.

Musicien progressiste et avant-gardiste, il a révolutionné l’art de la guitare dans le jazz durant cette période de grands bouleversements pour cette musique, en mariant des éléments de country, de rock, de blues et de free-jazz. A l’instar de Spaces, Barefoot Boy (1971) est une autre référence majeure dans son œuvre. Coryell, reconnaissable à ses lunettes à montures noires épaisses, restera aussi comme l’un des pionniers du jazz fusion.

Engagement

En 1973, il avait fondé The Eleventh House en compagnie, notamment, du batteur Alphonse Mouzon. Ce groupe restera comme l’un des groupes phares du genre, avec Weather Report de Wayne Shorter et Joe Zawinul, Return to Forever de Chick Corea et The Headhunters de Herbie Hancock.

« Nous voulions être les leaders d’un mouvement combinant le jazz dans toute son intégrité, l’excitation du rock et les paillettes du funk. Nous pressentions alors que c’était le moment pour créer cette combinaison de styles », avait-il écrit dans son autobiographie, Improvising : My Life in Music (2007).

Après cette période faste, où il joue également avec Paco de Lucia et Al Di Meola, Coryell a multiplié les tournées, en Europe et au Japon où il avait toujours son noyau de fans.

Derrière la musique très abstraite, Larry Coryell, adepte du bouddhisme, manifestait aussi une certaine forme d’engagement. Dans l’un de ses disques, Montgomery, il avait abordé la question des droits civiques aux Etats-Unis.