Le parquet de Bobigny a saisi mercredi 22 février l’inspection générale de la police nationale (IGPN) après le témoignage d’un agent municipal qui dit avoir subi une violente interpellation à Aulnay-sous-Bois, trois jours avant celle de Théo L., victime dans la même ville d’un viol supposé par un policier.

Cette saisine intervient après la publication mercredi dans Libération du témoignage de Djamel, père de famille de 34 ans, qui affirme avoir été insulté et frappé le 30 janvier par trois policiers de la brigade anticriminalité (BAC) d’Aulnay-Sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.

Il est au volant quand une voiture lui coupe la route, selon son récit. L’animateur « pile » et se retrouve à faire barrage à un véhicule de police banalisé, où se trouvent quatre agents de la BAC lancés dans une course-poursuite. « Bouge de là, fils de pute », lui lance l’un d’entre eux.

Refus de recevoir sa plainte

L’animateur demande des excuses, le ton monte. Il sort de son véhicule, tout comme deux policiers. Selon une vidéo filmée par un témoin et consultée par Libération, l’animateur qui travaille à la ville d’Aulnay est alors saisi au niveau du cou. « Celui qui m’étranglait a serré très fort pendant environ une trentaine de secondes. J’ai cru que j’allais mourir, je n’arrivais plus du tout à respirer », affirme-t-il.

Il est ensuite menotté et placé dans le véhicule des policiers. « Je leur ai expliqué que je travaille à la ville (…), que je vais en parler au maire », raconte-t-il. Les policiers le relâchent. Son médecin lui prescrit cinq jours d’ITT (interruption temporaire de travail).

Il se rend ensuite au commissariat d’Aulnay pour porter plainte, ce qu’on lui refuse. Idem à celui de Villepinte, selon ses déclarations. L’animateur dit n’avoir pu se rendre à l’IGPN par la suite « pour des raisons personnelles ».

Son interpellation a eu lieu à quelques mètres de celle de Théo L., jeune homme de 22 ans, victime d’un viol supposé au moyen d’une matraque le 2 février lors d’un contrôle d’identité. Quatre fonctionnaires ont été mis en examen pour ces faits, dont l’un pour viol. L’affaire a suscité de nombreuses manifestations partout en France et déclenché plusieurs nuits de violences en banlieue parisienne.

Le témoignage de Djamel survient aussi après celui de Mohamed K., qui a raconté le 14 février dans la presse avoir été passé à tabac une semaine avant l’interpellation de Théo L. A la suite de son témoignage, qui met en cause plusieurs policiers impliqués dans l’interpellation de Théo L., le ministère de l’intérieur et le parquet de Bobigny ont saisi l’IGPN.

Quels recours pour les victimes des violences policières ?
Durée : 03:27

Affaire d’Aulnay : neuf lycéens en garde à vue après des échauffourées

Neuf lycéens ont été placés en garde à vue mercredi 22 février après des incidents survenus lors d’un rassemblement contre les violences policières devant un lycée de Clichy (Hauts-de-Seine), selon des sources policières.

En début de matinée, des lycéens ont d’abord tenté de bloquer l’accès au lycée professionnel René-Auffray de Clichy, notamment pour dénoncer les violences policières et soutenir le jeune Théo L., victime d’un viol supposé à la matraque lors d’une interpellation début février.

Entre 8 heures et midi, « une petite centaine » de lycéens, « au plus fort » du rassemblement, se sont ensuite regroupés aux abords de l’établissement, selon un porte-parole de la police des Hauts-de-Seine, et des échauffourées ont éclaté en marge. Deux voitures ont été incendiées, un scooter a brûlé par propagation et la vitrine d’un fleuriste a été brisée.

Les neuf jeunes placés en garde à vue, pour la plupart scolarisés dans cet établissement, sont soupçonnés de « jets de projectiles et incendies ». L’un d’eux est soupçonné d’avoir déjà participé à un face à face tendu avec la police au même endroit mardi matin. Par ailleurs, un autre jeune a été interpellé mercredi à Nanterre, soupçonné d’avoir incendié des matelas jetés aux encombrants en marge d’un autre rassemblement contre les violences policières devant la préfecture.