Vue de la plus ancienne centrale nucléaire française d’EDF, à Fessenheim, près de Colmar, le 5 septembre 2012. | © Vincent Kessler / Reuters / REUTERS

EDF n’a pas fourni suffisamment d’information sur la manière dont il envisage le démantèlement de ses centrales nucléaires en France, estime le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet.

Des trois exploitants — EDF, Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) —, « celui sur lequel on a le moins d’éléments techniques pour porter un jugement sur la nature des opérations futures, sur leur faisabilité, sur leur crédibilité y compris en termes de calendrier, c’est clairement EDF », a-t-il constaté devant la commission du développement durable de l’Assemblée nationale.

Une méthode floue

Pour évaluer le coût du démantèlement de son parc nucléaire, EDF extrapole pour l’ensemble des sites les charges estimées pour une centrale équipée de quatre réacteurs. C’est la méthode Dampierre, du nom de la centrale située dans le Loiret.

« Quand on se pose des questions sur “concrètement c’est quoi la méthode Dampierre”, on n’a pas d’information ni sur la chronique, ni sur la nature des opérations qui sont prévues, leur séquencement, et donc (...) on a une difficulté », explique M. Chevet.

M. Chevet a toutefois validé l’argument d’EDF selon lequel le groupe prévoit des économies d’échelle découlant d’un effet de série lié à la standardisation du parc nucléaire français. « J’en suis totalement convaincu », a-t-il dit, alors qu’un rapport parlementaire rendu public au début de février s’étonnait d’un tel argument.

Il a cependant estimé que ces gains d’échelle étaient « difficiles à mesurer » étant donné le dossier « relativement léger » rendu par EDF.

Incertitude sur le coût

Selon le rapport parlementaire, EDF estimait à fin 2015 à 75 milliards d’euros les charges brutes pour le démantèlement de l’ensemble de son parc en activité, composé de 58 réacteurs à eau pressurisé, auxquels s’ajoutent neuf installations en cours de démantèlement.

De son côté, le groupe évalue plutôt à 60 milliards d’euros environ les coûts de déconstruction des derniers coeurs de réacteurs et de gestion à long terme des déchets radioactifs.

L’ASN doit rendre cette année un avis sur la stratégie de démantèlement prévue par EDF.