Les comptes du grand groupe européen de l’aéronautique sont fortement affectés par les effets de change et les déboires autour de l’avion militaire de transport A400M. | FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Le grand groupe européen de l’aéronautique Airbus a vu son bénéfice net chuter de 63 % en 2016, à 995 millions d’euros. Le résultat a été fortement affecté par les effets de change et par une provision de 2,2 milliards d’euros passée pour couvrir les difficultés persistantes rencontrées avec l’avion de transport militaire A400M.

L’avionneur a prévenu que des « retenues de paiements clients » continueraient de peser « sensiblement en 2017 et 2018, en particulier » sur ce programme, dans son communiqué de résultats diffusé mercredi. Le chiffre d’affaires du groupe a augmenté de 3 % pour atteindre 67 milliards d’euros.

Les prises de commandes du groupe ont atteint 134 milliards d’euros, soit une baisse par rapport aux 159 milliards de 2015. La valeur totale du carnet de commandes s’est établie à 1 060 milliards d’euros au 31 décembre 2016. Le ratio commandes nettes sur livraisons est supérieur à 1, et le carnet de commandes du groupe a atteint le niveau « record » de 6 874 avions commerciaux au 31 décembre 2016, fait savoir Airbus.

Les coûts de l’A400M ont dérapé

Côté perspectives, l’avionneur prévoit plus de 700 livraisons d’avions commerciaux en 2017, contre 688 livraisons l’an dernier. « Nous avons honoré les engagements pris l’année dernière en termes de performances et d’objectifs, à l’exception de l’A400M, qui a représenté une charge totale de 2,2 milliards d’euros en 2016 », a reconnu le président exécutif, Tom Enders, cité dans le communiqué. « Réduire les risques et renforcer l’exécution de ce programme est absolument prioritaire en 2017 », a-t-il ajouté.

Les déboires se sont multipliés avec l’avion militaire de transport A400M. Signé en 2003, ce contrat de 20 milliards d’euros prévoyait au départ la fabrication de 180 avions de transport répartis entre sept pays : l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Turquie, la Belgique et le Luxembourg. Mais le programme accumule les difficultés, les coûts ont dérapé de plus de 6 milliards d’euros et le calendrier de livraisons n’est pas respecté. Airbus n’en a livré que 17 en 2016, contre 11 en 2015, et deux depuis le début de l’année 2017.

L’appareil est livré au compte-gouttes tant sa production est entravée par de nombreux retards, notamment causés par des problèmes de moteurs. De quoi rendre furieux deux des principaux clients, la France et l’Allemagne. Ayant commandé chacun une cinquantaine d’appareils, ils ne peuvent même pas utiliser en toute sécurité le peu d’avions reçus, huit pour Paris et trois pour Berlin. Chacun se tourne vers Airbus pour exiger des solutions.