Depuis 2002, François Bayrou a été candidat à chaque élection présidentielle. Le maire de Pau doit annoncer, mercredi 22 février dans l’après-midi, s’il se présente une nouvelle fois, ou s’il renonce. Retour sur les trois participations du centriste à la course à l’Elysée.

  • 2002 : une tentative de « relève »

François Bayrou lors d’un meeting à Bordeaux, le 16 avril 2002. | REGIS DUVIGNEAU / REUTERS

En 2002, François Bayrou se présente à l’élection présidentielle sous la bannière de l’Union pour la démocratie française (UDF, centre-droit). Il espère déjà être le « troisième homme » face aux deux blocs que sont le RPR du président sortant, Jacques Chirac, et le Parti socialiste (PS) du premier ministre, Lionel Jospin. M. Bayrou fait campagne sur la « relève », et met dos à dos ses adversaires, qu’il décrit comme les « frères siamois du même système vieilli », se partageant « un monopole à deux ».

La campagne se révèle difficile. Le candidat est lâché par certaines personnalités de son camp, comme Philippe Douste-Blazy, alors maire de Toulouse, qui choisit de soutenir Jacques Chirac. M. Bayrou peine à faire entendre sa voix, et il est, au fil des mois, au plus bas dans les sondages. Un geste va faire (un peu) décoller sa campagne : une gifle, donnée le 8 avril à Strasbourg, à un enfant de 11 ans à qui il reproche de lui « faire les poches ».

[François Bayrou à Strasbourg, la gifle]
Durée : 01:52

Au premier tour, François Bayrou termine à la quatrième place, avec 6,84 % des voix, derrière Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen et Lionel Jospin. Dans l’entre-deux-tours, il apporte son soutien au candidat du RPR.

  • 2007 : le troisième homme de l’élection

François Bayrou le 25 avril 2007, lors d’une conférence de presse à Paris. | BENOIT TESSIER/ REUTERS

François Bayrou retente sa chance cinq ans plus tard. Il mise sur le renouveau, parle de recomposition politique, propose l’instauration d’une VIe République. Le candidat dénonce aussi ce qu’il considère être un parti pris des médias au profit de ses concurrents, Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS). Sur le fond, il fait de la nécessité de réduire la dette de la France son thème principal de campagne.

Le discours fait mouche. François Bayrou grignote des voix au centre-gauche et au centre-droit, et il bondit dans les intentions de vote, passant de 8 % en décembre 2006 à 23 % mi-mars 2007.

Au premier tour, il arrive en troisième position, avec 18,57 % des voix, derrière les candidats de l’UMP et du PS. En rupture avec la tradition de centre-droit de l’UDF, il annonce qu’il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy, sans pour autant afficher officiellement son soutien à Ségolène Royal, avec qui il débat avant le second tour.

Il crée, après l’élection, le Mouvement démocrate (MoDem), tandis que les centristes favorables à un rapprochement avec Nicolas Sarkozy (Maurice Leroy, Hervé Morin, André Santini…) se regroupent dans le Nouveau centre.

  • 2012 : Hollande plutôt que Sarkozy

François Hollande reçoit François Bayrou à l’Elysée, le 4 juin 2012. | PHILIPPE WOJAZER/ REUTERS

L’après-présidentielle 2007 est difficile pour François Bayrou, qui ne peut créer de groupe à l’Assemblée nationale, seuls trois députés MoDem – dont lui-même – ayant été élus. Il perd aussi, de justesse, l’élection à la mairie de Pau, en 2008.

Il se présente toutefois à nouveau à la présidentielle de 2012. Il fait campagne sur le « produire en France » et, une nouvelle fois, sur le redressement des finances publiques.

Mais l’effet de 2007 est passé. François Bayrou termine cette fois cinquième du premier tour avec 9,13 % des voix ; il est devancé par Marine Le Pen et par Jean-Luc Mélenchon.

Il réalise cependant un coup d’éclat entre les deux tours : dénonçant la « course-poursuite [avec] l’extrême droite » à laquelle s’est, selon lui, livré Nicolas Sarkozy, il annonce qu’il votera pour François Hollande au second tour, sans toutefois donner de consigne de vote.

Nicolas Sarkozy n’a jamais pardonné ce choix fait par François Bayrou, accusant régulièrement le centriste d’avoir fait gagner son adversaire socialiste. Cette inimitié éclate une nouvelle fois au grand jour au moment de la primaire à droite de l’automne 2016, quand l’ancien président de la République attaque le maire de Pau – il a été élu en 2014 –, qui ne cache pas son soutien à Alain Juppé.

Le centriste lui, répète qu’il n’exclut pas de se présenter en cas de défaite du maire de Bordeaux. Ira-t-il jusqu’au bout, cette fois encore ? Réponse dans l’après-midi.