Lors de la conférence de presse de François Bayrou, au siège du Modem, à Paris, le 22 février. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

L’annonce de l’alliance entre François Bayrou et Emmanuel Macron a provoqué des réactions diverses, voire opposées. Les proches de François Fillon y ont vu la preuve du ralliement du centriste aux socialistes, quand le porte-parole de Benoît Hamon estime que M. Macron « se dirige clairement vers la droite » avec l’arrivée de M. Bayrou à ses côtés.

  • A droite, on renvoie M. Bayrou à François Hollande

Le porte-parole de François Fillon, Thierry Solère, a renvoyé François Bayrou au quinquennat qui se termine. Le maire de Pau est « aujourd’hui cohérent avec lui-même, c’est la deuxième fois qu’il vote pour François Hollande », a-t-il lancé sur BFM-TV. « Le dernier héritier du système hollandais, c’est Emmanuel Macron », a-t-il insisté.

François Baroin, sénateur et maire Les Républicains (LR) de Troyes, proche de Nicolas Sarkozy et soutien de François Fillon pour la présidentielle, a vu dans M. Bayrou « un homme à la mer depuis de nombreuses années ». « Il est sur une embarcation où il n’y a plus de moteur, plus d’essence (…) et il échoue aujourd’hui sur une plage qui n’est pas de sable blanc, mais de galets », a-t-il déclaré, métaphorique, jeudi 23 février sur Europe 1.

« François Bayrou a été le passager clandestin du socialisme depuis une vingtaine d’années maintenant. (…) C’est la deuxième fois qu’il votera François Hollande. Il paie sa place, cette fois officiellement, pour s’asseoir à côté de l’héritier parricide de François Hollande. C’est au moins aujourd’hui très clair. Vous avez deux candidats socialistes, Hamon les années 70 et vous avez maintenant Macron avec Bayrou les années 50. »

« Après avoir favorisé l’élection de François Hollande en 2012, c’est tout naturellement que François Bayrou rejoint à présent l’héritier parricide du pire président de la Ve République, le candidat de la gauche Emmanuel Macron », a insisté le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer, dans un communiqué.

En 2012, François Bayrou avait voté, à titre personnel, pour François Hollande ; un choix que ne lui a jamais pardonné Nicolas Sarkozy, accusant régulièrement le centriste d’avoir fait gagner la gauche.

« Avec deux girouettes aux deux mâts, la goélette Macron n’est pas prête de trouver le bon cap », a, pour sa part, moqué sur Twitter le député Jérôme Chartier, conseiller spécial de François Fillon.

L’arrivée de Bayrou est « un nouveau coup dur pour Emmanuel Macron », a déclaré dans un communiqué Bruno Retailleau, lui aussi proche de M. Fillon. « Entre François de Rugy, Alain Minc et François Bayrou, l’heure est au “gloubi-boulga” [plat imaginaire, plus précisément un gâteau, réputé immangeable] chez Emmanuel Macron », a-t-il pointé.

  • A gauche, on salue le « sens des responsabilités » de M. Bayrou… sauf chez Hamon

Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, a ainsi vu dans l’alliance avec M. Bayrou la preuve que « M. Macron se dirige clairement vers la droite ».

Moins critique, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a salué jeudi matin le « sens de la responsabilité » de François Bayrou. « Il y a un rassemblement qui est nécessaire », a-t-il affirmé sur France 2. La candidature de François Bayrou écartée, « il y a toujours trois divisions aujourd’hui par rapport à François Fillon (…) et puis à l’extrême droite », a-t-il développé, citant les candidatures de Benoît Hamon, d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon.

Même tonalité du côté de François de Rugy, qui a lui-même rallié M. Macron mercredi : le député écologiste a félicité M. Bayrou pour « son sens des reponsabilités » et son « geste politique fort et courageux ».

  • Marine Le Pen dénonce « des bonnes vieilles manœuvres d’appareil »

La présidente du Front national (FN), parti d’extrême droite, Marine Le Pen, a dénoncé sur TF1 un mélange des genres. Pour elle, le rapprochement Bayrou-Macron « va ouvrir les yeux des Français, les grandes déclarations type “on ne fera plus de politique comme avant”, elles viennent de s’effondrer ». « Il y a derrière une bonne vieille négociation aux législatives, c’est le retour de la vieille politique, des bonnes vieilles manœuvres d’appareil », a déclaré la candidate du FN.