Ipsen a, une nouvelle fois, dépassé ses objectifs. Le laboratoire français connu pour son médicament Smecta contre les diarrhées a amélioré son résultat opérationnel de prés de 25 % en 2016 Sa marge opérationnelle s’est établie à 19,2 %, soit 2,3 points de plus qu’en 2015. « C’est une année record de croissance, la meilleure depuis l’introduction en Bourse il y a 11 ans », souligne jeudi 23 février Aymeric Le Chatelier, vice-président du laboratoire coté à Paris. Le groupe dont le chiffre d’affaires a progressé de 11,8 % en 2016, à 1,58 milliard d’euros, fait toujours figure de « valeur de retournement », apprécient Arnaud Guérin et Ricky Bhajun, analystes financiers au sein de la société de Bourse Portzamparc. Sa valeur en Bourse a atteint 6,9 milliards d’euros, soit près de trois fois le niveau atteint en 2012.

Présidée depuis juillet 2016 par l’américain David Meek, la société est parvenue à fortement développer son activité en 2016 aux Etats-Unis, premier débouché des médicaments au monde. Elle y réalise désormais « 17 % de ses ventes, contre 6 % auparavant », souligne M. Le Chatelier. Ipsen a aussi étoffé son activité dite de médecine de spécialité (80 % de ses ventes aujourd’hui). Le fabricant profite à plein de la Somatuline. Ce traitement contre des tumeurs neuro-endocrines a vu ses ventes bondir de 35 % en 2016, se hissant à 538 millions d’euros.

« Deal opportuniste »

Le laboratoire, deuxième groupe français pharmaceutique derrière Sanofi, va étoffer encore son activité en oncologie. Ipsen s’est engagé à reprendre Onivyde, un traitement contre le cancer du pancréas, à l’américain Merrimack Pharmaceuticals. D’un montant de 575 millions de dollars (543 millions d’euros), l’opération – la plus grosse de son histoire – doit être finalisée au cours du premier trimestre 2017. Elle fait suite à la reprise du Cabometyx, un traitement contre le cancer du rein, à la biotech américaine Exelixis.

Ipsen ne délaisse par pour autant la santé grand public, son premier métier depuis sa création en 1929 par Henri Beaufour, un médecin adepte des vertus digestives du romarin. La société détenue aujourd’hui à 57 % par ses descendants a annoncé le 13 février qu’elle s’apprêtait à racheter cinq marques de médicaments, dont l’analgésique Prontalgine, au groupe Sanofi pour un montant de 83 millions d’euros.

Cette opération est un « deal opportuniste », décode M. Guérin. L’opération permet à Ipsen « de proposer une plate-forme de médicaments aux pharmaciens », explique M. Le Chatelier. En clair, les officines achèteront en même temps des boîtes de Prontalgine et des sachets de Smecta, son produit-phare. Il y a quelques années, le groupe avait pourtant envisagé de céder son activité de santé grand public, un marché jugé trop disputé. Ipsen va finalement relancer ses ventes sur ce segment en recul de 2,7 % en 2016. Ce sera donc à coup d’acquisitions. Il table désormais sur une activité en croissance de plus de 4 % sur ce segment en 2017. L’intégration de ce rachat sera menée parallèlement au lancement de Smecta sous une forme liquide, à l’étranger, en Europe et dans les pays émergents. Ce pansement digestif lancé en 1977 connaît un nouvel élan depuis le lancement d’une formule nomade, en sticks.