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Cette année, exceptionnellement, le rideau se lèvera salle Pleyel et non au Théâtre du Châtelet. Quelques autres changements viendront émailler, vendredi 24 février, la 42e cérémonie des Césars, les récompenses les plus prestigieuses du cinéma français. Le plus notable : l’absence d’un président après l’abandon de Roman Polanski.

Côté animation, Florence Foresti, qui a conduit la précédente cérémonie passera le témoin à Jérôme Commandeur. Concernant ce qui ne change pas : Canal+ produit et diffuse toujours la cérémonie, et un acteur américain recevra le César d’honneur.

Du côté des pronostics, les titres de film, en un mot, ont la cote : Elle (onze nominations), Frantz (onze nominations) et Divines (sept nominations) sont les grands favoris.

  • Jérôme Commandeur maître de cérémonie

Après Florence Foresti l’an dernier, Jérôme Commandeur sera aux manettes de la cérémonie des Césars, une première. A 40 ans, celui qui est également chroniqueur dans la matinale d’Europe 1, alterne entre humour et cinéma.

Révélé en 2008 dans un seul en scène produit par Dany Boon, Jérôme Commandeur a depuis joué dans plusieurs comédies, comme Bienvenue chez les Ch’tis, Les Tuche, ou encore Barbecue. Cette année, il sera notamment à l’affiche de deux autres comédies : Gaston Lagaffe et Les Nouvelles Aventures de Cendrillon.

  • Pas de président après la polémique Polanski

La 42e cérémonie des Césars « n’aura pas de président », avait finalement tranché l’Académie le 24 janvier, moins d’une semaine après avoir annoncé qu’elle avait choisi Roman Polanski. Le réalisateur franco-polonais de 83 ans traîne depuis quarante ans une accusation de viol sur une mineure, raison pour laquelle le choix de l’Académie avait immédiatement suscité colère et incompréhension. Plusieurs associations féministes avaient lancé une pétition pour la destitution du cinéaste.

Roman Polanski « a décidé de ne pas donner suite à l’invitation » des organisateurs, avait finalement annoncé son avocat dans un communiqué, avant que l’Académie décide de ne pas lui trouver de remplaçant.

En 1977, Roman Polanski est poursuivi par la justice américaine pour avoir violé Samantha Gailey (aujourd’hui Geimer), alors âgée de 13 ans. Après quarante-deux jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste s’est enfui des Etats-Unis avant l’annonce du verdict, craignant d’être lourdement condamné.

Mi-février, l’avocat de Roman Polanski a fait savoir que le cinéaste souhaitait retourner aux Etats-Unis pour mettre un terme à cette affaire de viol, à condition d’avoir la garantie qu’il ne sera pas incarcéré.

  • La tournée d’Isabelle Huppert et d’« Elle »

Tout juste récompensée d’un Golden Globe et quelques heures avant de s’envoler pour les Oscars, Isabelle Huppert fait une halte aux Césars où elle est bien placée pour remporter le César de la meilleure actrice. Une récompense qu’elle a déjà gagnée en 1996 pour La Cérémonie, de Claude Chabrol.

Dans Elle, Isabelle Hupert incarne une femme violée qui se met à traquer son agresseur. Vendredi soir, elle sera face à Marion Cotillard dans Mal de pierres, Judith Chemla dans Une vie, Virginie Efira dans Victoria, Marina Foïs dans Irréprochable, Sidse Babett Knudsen dans La Fille de Brest et Soko dans La Danseuse.

Le long-métrage de Paul Verhoeven, déjà lauréat du Golden Globe du meilleur film étranger, fait figure de favori aux Césars avec ses onze nominations : meilleur espoir masculin, meilleure actrice dans un second rôle, meilleur acteur dans un second rôle, meilleure actrice, meilleure adaptation, meilleure musique originale, meilleure photo, meilleur montage, meilleur son, meilleure réalisation et meilleur film.

  • « Frantz » permettra-t-il le sacre d’Ozon ?

Déjà nommé trois fois dans les catégories meilleur réalisateur et meilleur film, le cinéaste François Ozon, qui n’a jamais remporté de César, pourrait lui aussi rafler des récompenses pour Frantz.

Tout comme Elle, Frantz sera cité dans onze catégories : meilleur espoir féminin, meilleur acteur, meilleure adaptation, meilleure musique originale, meilleurs costumes, meilleurs décors, meilleure photo, meilleur montage, meilleur son, meilleure réalisation et meilleur film.

Mais la concurrence sera rude pour le César du meilleur réalisateur, avec notamment le prodige québécois, Xavier Dolan, lui aussi bien placé pour Juste la fin du monde, huis clos familial avec une pléiade de stars. Cette adaptation cinématographique de la pièce de Jean-Luc Lagarce comptabilise six nominations.

  • « Divines » en embuscade

Si Frantz et Elle sont les plus souvent nommés, Divines pourrait leur voler la vedette. Ce premier long-métrage explosif de Houda Benyamina raconte l’épopée de deux jeunes femmes de banlieue. Il vaut à l’une des interprètes, Oulaya Amamra, de figurer dans la catégorie meilleur espoir féminin.

Divines comptabilise sept nominations : meilleure actrice dans un second rôle, meilleur scénario original, meilleur montage, meilleure réalisation, meilleur premier film et meilleur film.

Ce film plein d’énergie pourrait occuper le devant de la scène lors de la soirée au moment où les banlieues sont revenues au cœur de l’actualité à la suite de l’interpellation très brutale du jeune Théo L. par la police, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 2 février.

  • Sélection pointue et grand public

Pour cette 42cérémonie, le programme se veut fédérateur, comme le prouve la sélection de la catégorie reine, celle du meilleur film. On y retrouve du cinéma d’auteur pointu comme Elle de Paul Verhoeven, Ma Loute de Bruno Dumont ou Victoria de Justine Triet.

Mais on retrouve également des films d’auteur a priori plus grand public comme Frantz de François Ozon, Les Innocentes d’Anne Fontaine et Mal de Pierre de Nicole Garcia.

  • Retour du duel Ulliel-Niney

Du côté des interprètes masculins, le duel de 2015 entre Gaspard Ulliel et Pierre Niney pour Saint Laurent et Yves Saint Laurent pourrait bien se répéter. Pierre Niney, qui l’avait emporté il y a deux ans, est à nouveau en lice pour Frantz. Mais il pourrait cette fois-ci être coiffé sur le poteau par Gaspard Ulliel pour son rôle de fils qui retrouve sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine dans Juste la fin du monde.

Ils seront face à Nicolas Duvauchelle dans Je ne suis pas un salaud, François Cluzet dans Médecin de campagne, Pierre Deladonchamps dans Le Fils de Jean, Fabrice Luchini dans Ma Loute et Omar Sy dans Chocolat.

  • Clooney César d’honneur, la tendance américaine

Pour la neuvième fois consécutive, le César d’honneur sera remis à une personnalité anglo-saxonne. Une tendance assumée par l’Académie pour qui George Clooney, 55 ans, « incarne ce glamour Hollywoodien caractéristique des grandes stars du cinéma », a-t-elle vanté dans un communiqué.

Le travail d’acteur et de producteur de George Clooney a déjà été salué par de nombreuses récompenses, dont l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Syriana (de Stephen Gaghan), l’Oscar du meilleur film comme producteur pour Argo (de Ben Affleck), ou encore deux Golden Globe du meilleur acteur pour O’Brother (des frères Coen) et The Descendants (d’Alexander Payne). Ce sera la deuxième fois que l’Académie des arts et techniques du cinéma lui remet une récompense après celle pour Argo en 2013.

Avant lui, en 2016, l’acteur américain Michael Douglas avait reçu le César d’honneur, après trois autres Américains, Kevin Costner en 2013, Scarlett Johansson en 2014 et Sean Penn en 2015. Constatant la tendance en faveur des acteurs américains, Les Inrocks note que plusieurs acteurs français n’ont jamais été distingués dans cette catégorie, « on pense à Michel Piccoli, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Jean-Louis Trintignant ou Isabelle Adjani », écrit le magazine.