• Antonin Dvorak
    Trios avec piano op. 65 et 90
    Trio Wanderer

Pochette de l’album consacré à Antonin Dvorak par le Trio Wanderer. | HARMONIA MUNDI

Expansif, Dvorak ? C’est peu dire ! L’âme slave dans toute sa splendeur : des flots d’effusion romantique prompts à faire sauter les digues érigées entre le savant (l’écriture) et le populaire (l’inspiration). Ainsi des deux trios avec piano, l’un (le brahmsien op. 65) moins connu que l’autre (l’op. 90, « Dumky », d’essence tchèque). Pour en rendre la qualité synthétique, trois conditions réunies par le Trio Wanderer. Un piano (Vincent Coq) qui dévoile sous ses touches toutes les plages d’un XIXe siècle folklorisant (de Schubert à Grieg). Un violon tout-terrain (Jean-Marc Phillips-Varjabédian), à la sensibilité vagabonde mais nullement débraillée. Un violoncelle (Raphaël Pidoux) au chant toujours majestueux, dans l’ampleur comme dans la retenue. Sans oublier la complicité née de trente ans de vie musicale en commun. Pierre Gervasoni

1 CD Harmonia Mundi.

  • King Gizzard and the Lizard Wizard
    Flying Microtonal Banana

Pochette de l’album « Flying Microtonal Banana », de King Gizzard and the Lizard Wizard. | HEAVENLY RECORDINGS/COOPERATIVE-PIAS

Fin 2016, le groupe australien King Gizzard and the Lizard Wizard avait annoncé qu’il proposerait à ses fans cinq albums durant l’année 2017. Qui viendront s’ajouter aux huit déjà publiés depuis les débuts du groupe (fondé à Melbourne en 2010), que l’on peut ranger dans le fourre-tout du psychédélisme contemporain. Sans que l’on sache si ces cinq disques sont prévus pour constituer un ensemble cohérent, voici la première étape, Flying Microtonal Banana. Sur la pochette, il est indiqué « Explorations in microtonal tuning ». Soit ce qui ne repose pas sur la division de l’octave en douze parties égales d’un demi-ton. Cela donne aux neuf compositions de l’album des sonorités présentes dans les musiques orientales, africaines, asiatiques depuis des milliers d’années – et que le psychédélisme originel des années 1960 avait déjà utilisé. A ces couleurs « exotiques », guère poussées au-delà de l’ornement, s’ajoute un support rythmique qui joue le plus souvent sur la répétitivité d’un motif. Le tout suscitant un état gentiment hypnotique. Sylvain Siclier

1 CD Heavenly Recordings/Cooperative-PIAS.

  • Demi-Portion
    2 chez moi

Pochette de l’album « 2 chez moi », de Demi-Portion. | MUSICAST/BELIEVE

Il ne paie pas de mine, Demi-Portion. Plutôt chétif, pas de pectoraux, pas d’attitude, ce MC (maître de cérémonie), originaire de Sète (Hérault) détonne dans le rap français. Ses pairs lui vouent d’ailleurs une admiration bienveillante, fait assez rare dans ce milieu hyperconcurrentiel. De son vrai nom, Rachid Daif, il se dépense sans compter pour défendre la culture hip-hop et organise tous les étés un festival dans la ville où est né Georges Brassens. Son quatrième album, 2 chez moi, rend hommage à cette expression qui le nourrit et le rend heureux. Aux côtés d’Oxmo Puccino, il chante « la vie, les amis » dans Magnifique. Avec Kery James, il fait la liste de ses regrets, « de ne pas avoir assez donné, et d’avoir ignoré les bonnes choses ». Il rend hommage aux grands frères de Marseille, Fonky Family, et à leur morceau Mystère et suspense, en reprenant l’instrumental que leur DJ, Pone, avait samplé à partir d’I Won’t Hold You Back, de Toto. Sur Planète Rash, il renoue avec la tradition des longs free-styles en compagnie d’une ribambelle de rimailleurs, dont JP Manova et Jeff Le Nerf. Un album qui ferait presque revivre les plus belles heures du rap français. Stéphanie Binet

1 CD Musicast/Believe.