Les joueurs du XV de France seront-ils bientôt sous contrat fédéral avec la FFR ? | FRANCK FIFE / AFP

Malgré les obstacles, il veut des joueurs du XV de France sous contrat fédéral : le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte a relancé son projet dimanche, au lendemain de la défaite française en Irlande (19-9).

  • Que propose-t-il ?

Élu en décembre à la tête de la Fédération, Laporte veut que les joueurs appelés en équipe de France - une quarantaine -, soient employés six mois par an par leur club et le reste du temps par la FFR. « Il nous faut 40 joueurs sous contrat », a-t-il lancé lors de l’émission Stade 2, ceci afin de leur donner plus de temps de préparation et les aider à récupérer avec moins de temps de jeu en club.

Actuellement, une convention signée à l’été 2016 sous l’égide de Pierre Camou, prédécesseur de Laporte, a permis d’étendre à quatre mois le temps passé en Bleu par les internationaux (en 3 périodes : en novembre, de mi-janvier à mi-mars, et en juin). Cette mise à disposition élargie, qui empêche les joueurs d’une liste établie par Guy Novès de disputer certains matches avec leurs clubs, était vue alors comme le moyen permettant à l’équipe de France de progresser.

Il s’agirait donc d’élargir cette mise à disposition. L’intersaison serait la nouvelle fenêtre concernée, a précisé Laporte dimanche. La mesure coûterait 12 millions d’euros par saison, a-t-il avancé, sous-entendant que les subsides versés à la LNR pourraient être réduits à leur plus strict minimum.

« Aujourd’hui, nous donnons 5 millions d’euros à la Ligue. Si on veut une quarantaine de joueurs sous contrat, ça va coûter 12 millions d’euros. Un match supplémentaire contre les Néo-Zélandais, contre l’Afrique du Sud, c’est entre 6 et 8 millions d’euros. C’est fini, c’est financé », a-t-il déclaré.

Selon Bernard Laporte, « les joueurs ont signé lundi (20 février) un engagement stipulant qu’ils sont pour (notre) projet ».

  • Pourquoi en fait-il un objectif ?

L’ancien sélectionneur, élu le 3 décembre, répète regarder ce qui marche dans les autres pays. En l’occurrence, il se base sur le modèle des nations du sud, notamment la Nouvelle-Zélande, pays roi du rugby dont la Fédération tient ses joueurs sous contrat.

L’Irlande, citée comme exemple par Laporte pour les résultats probants obtenus par sa sélection depuis quelques années, dispose d’un système quasi-équivalent, autour de quatre provinces contrôlées de près par la Fédération.

Faire comme les meilleures nations mondiales ne peut qu’être couronné de réussite, estime Laporte, qui a fixé un objectif plus qu’ambitieux : que la France soit championne du monde en 2019. Pour l’instant, elle enchaîne les résultats négatifs. Laporte s’est engouffré dans la brèche d’une défaite relativement nette en Irlande pour relancer l’une des mesures phares de son programme électoral.

  • Qui s’y oppose ?

Depuis son élection, Laporte multiplie les déclarations musclées, sur ce sujet et d’autres, contre la Ligue nationale de rugby (LNR), gérante du Top 14 et qui défend l’intérêt des clubs.

Paul Goze, le président de la Ligue, avait évoqué un « casus belli » avant l’élection de Laporte. Ce dernier a donc décidé de faire du cas par cas en s’adressant directement aux clubs concernés, qui sont moins d’une dizaine concernés par la mise à disposition des internationaux (Toulouse, Toulon, Clermont, Racing 92, Stade Français, La Rochelle, Bordeaux-Bègles, Brive). Lundi, il rencontrera d’ailleurs Laurent Marti, le président de l’UBB.

Les présidents de Toulouse et Clermont, de loin principaux pourvoyeurs d’internationaux français, ont, dès l’élection de Laporte, fait part de leur opposition catégorique au projet. « S’il ne veut pas, et bien il ne fera pas », a déclaré Laporte à propos de René Bouscatel, le président du Stade Toulousain.

Sera-t-il en mesure de résister ? Les clubs adopteront-ils une position commune ? La réponse à ces deux questions conditionne la réussite du projet.