François Hollande a vertement réagi, lundi 27 février, aux déclarations la veille de Marine Le Pen à l’endroit des fonctionnaires. « Je n’accepterai jamais qu’on puisse mettre en cause les fonctionnaires dans notre République au prétexte qu’ils appliquent la loi et qu’ils font en sorte que la justice puisse travailler », a déclaré le président de la République lors d’un discours au siège du Grand Orient de France à Paris. « Lorsque l’on remet en cause la neutralité de l’Etat, c’est qu’on est prêt à remettre en cause aussi les principes de laïcité, d’indépendance et d’impartialité », a encore dit le chef de l’Etat.

Dimanche, à Nantes, la candidate du Front national (FN) à la présidentielle, dont le parti est au cœur de plusieurs enquêtes judiciaires, a exhorté les agents de l’Etat à ne pas appliquer certaines consignes de l’exécutif, sous peine de voir leurs « responsabilités » mises en jeu.

« Je veux dire aux fonctionnaires, à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs d’Etat pour surveiller les opposants ou organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus ou des cabales d’Etat, de se garder de participer à de telles dérives », a-t-elle lancé à la tribune du Zénith de Nantes.

« Dans quelques semaines, ce pouvoir politique (…) aura été balayé par l’élection, a poursuivi la candidate à la présidentielle. Mais ces fonctionnaires, eux, devront assumer le poids de ces méthodes illégales, car elles sont totalement illégales, et elles mettent en jeu leur propre responsabilité. »

« Une forme de pression »

Bernard Cazeneuve a également fustigé lundi ces propos. « Aucune menace ne peut empêcher un fonctionnaire d’accomplir les missions qu’il doit accomplir en raison de ce qu’est la loi votée par le souverain. C’est cela la République », a réagi le premier ministre, en marge du Salon de l’agriculture.

« Nous protégerons les fonctionnaires, qui ont le sens de l’Etat, qui ont le sens des libertés, qui ont en partage l’amour des valeurs de la République et qui ne doivent pas se laisser impressionner par la dérive de la campagne de Mme le Pen. »

Le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, a déploré « une forme de pression qui est exercée sur les juges ». « Les magistrats sont des citoyens qui ont prêté serment » et « ils ne se positionnent que par rapport à la loi », a souligné le garde des sceaux, invitant Mme Le Pen à « refaire des études de droit ».