Benoît Hamon et Yannick Jadot, le 26 février. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

C’est l’autre versant de l’accord, celui qu’on met moins volontiers en avant. Le Parti socialiste et Europe Ecologie - Les Verts, qui ont conclu une alliance sur la base d’une plate-forme programmatique, doivent désormais finaliser leurs négociations sur les investitures aux prochaines législatives, en juin. Une cuisine interne toujours compliquée.

D’après un document de travail que Le Monde s’est procuré, Solférino devrait réserver aux alentours de 43 circonscriptions à EELV, dans lesquelles il n’y aura donc pas de candidat PS investi. En 2011, l’accord conclu entre Martine Aubry et Cécile Duflot portait sur une soixantaine de circonscriptions. La négociation actuelle prend donc en compte un futur rétrécissement de la gauche parlementaire.

Dans ce contexte difficile, les écologistes, qui comptent 11 députés depuis l’explosion de leur groupe parlementaire en 2016, ont plutôt préservé leurs acquis. Sur ces 11 circonscriptions, ils en gardent 10. Celle de Noël Mamère en Gironde, qui a annoncé qu’il ne rempilait pas et souhaitait que sa suppléante socialiste soit investie, n’est pas comprise dans le deal. En retour, les négociateurs cherchent une autre circonscription « gagnable » à offrir aux écologistes.

Parmi ces dix circonscriptions, deux cas demeurent flous. Dans celle de Danielle Auroi qui ne se représente pas dans le Puy-de-Dôme, cette dernière souhaite devenir suppléante d’un candidat divers-gauche. Un accord qui doit encore être validé par EELV selon la députée sortante. Dans la circonscription iséroise de Michèle Bonneton, qui n’a pas souhaité être de nouveau candidate, la situation est plus délicate. Dans ce département, les relations entre le PS local et EELV sont exécrables depuis que l’écologiste Eric Piolle a emporté la mairie de Grenoble en 2014. Dans cette version de travail, une circonscription en Isère est bien réservée aux écolos, celle de Mme Bonneton ou une autre.

En plus du cas des députés EELV sortants, David Cormand, secrétaire national du parti écologiste, avait évoqué jeudi soir « une dizaine » d’autres circonscriptions jugées « gagnables » pour, espère-t-il, permettre à sa formation d’obtenir un groupe à l’Assemblée nationale.

Des écologistes face aux macronistes

Le Parti socialiste profite également de l’accord pour régler un casse-tête interne. Il a ainsi décidé d’investir des candidats écologistes face à des députés socialistes qui sont partis chez Emmanuel Macron comme Richard Ferrand (Finistère) et Corinne Erhel (Côtes-d’Armor). Christophe Castaner (Alpes-de-Haute-Provence) pourrait aussi être visé. Solférino évite ainsi l’affrontement direct avec ses militants locaux, qui ont plutôt soutenu la démarche de leurs élus.

Restent quelques points de friction à régler. Si la circonscription de Cécile Duflot à Paris a bien été réservée, son cas a créé des mécontents chez les socialistes de la capitale. La direction d’Europe-Ecologie-les Verts n’est, par ailleurs, pas disposée pour le moment à lâcher la circonscription parisienne de Denis Baupin, exclue de l’accord. Le député, mis en cause dans une affaire d’agression et de harcèlement sexuels présumés, ne briguera pas sa propre succession.

Dans les quelque 530 circonscriptions qui ne sont pas concernées par l’accord, EELV compte bien présenter ses propres candidats ou s’allier avec d’autres forces politiques de gauche pour soutenir des opposants au PS. C’est le cas dans le 18e arrondissement de Paris où la militante féministe Caroline De Haas est en passe de se présenter pour EELV et le PCF face à la ministre du travail, Myriam El Khomri. Dans la Somme, le réalisateur du documentaire Merci patron !, François Ruffin, a reçu le soutien des communistes, d’EELV et de La France insoumise pour défier la secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Pascale Boistard, proche de Manuel Valls. De quoi rendre encore un peu plus illisible la stratégie des écologistes dans ces législatives.