Le business du plagiat par contrat atteindrait des dizaines de millions de livres au Royaume-Uni. | Séverin Graveleau

« Ne vous stressez pas avec des devoirs et des dissertations alors que nous pouvons faire mieux à votre place », se vante le site britannique Essay Mills (littéralement : « moulins à essais »). Qu’il s’agisse de devoirs à la maison, d’un mémoire ou même d’une thèse de doctorat, les étudiants peuvent affiner leur recherche en précisant leur niveau d’études, la date de rendu et leur niveau d’études. Une offre de service vaste et facturée entre 18 et 8 000 euros. Selon un rapport publié en août par l’Agence de l’assurance qualité de l’enseignement (QAA - Quality Assurance Agency for Higher Education), une centaine de sites Internet du même acabit, accessibles via les moteurs de recherche, proposent ce type de service, appelé outre-Manche « plagiat par contrat », dans un esprit proche du site français Faismesdevoirs.com, qui a fait polémique mi-février.

Le phénomène préoccupe les autorités britanniques. Jo Johnson, le ministre des universités, a annoncé, le 21 février, un plan de répression de ces sites qui font du « plagiat contractualisé ». « Ces usines à essais menacent la réputation des diplômes britanniques. Cette forme de triche est inacceptable et chaque université doit mettre en place des politiques pour détecter la fraude et la sanctionner », s’est insurgé le ministre, rapporte le Times Higher Education.

Le plagiat par contrat, un business difficile à identifier

Le marché des « usines à dissertations » au Royaume-Uni est relativement complexe à identifier et à quantifier. La plupart des universités ont des logiciels permettant de reconnaître les copiés collés de textes académiques, mais le recours à un « nègre » universitaire qui compose une dissertation ou un mémoire de master est moins facile à reconnaître. Selon QAA, environ 17 000 délits de triche universitaire ont lieu chaque année. The Guardian a interrogé Robert Clarke, professeur à l’université de Birmingham, et Thomas Lancaster, vice-président de l’université du Staffordshire. Ils ont identifié 30 000 étudiants qui ont eu recours à ces sites. « Nous pensons que ces sites engrangent des dizaines de millions de livres chaque année. C’est un gros marché », déclarent les deux universitaires.

La QAA recommande de légiférer pour que ces sites soient considérés comme « illégaux », et soient passibles d’une amende de 6 000 euros pour chaque acte « de malhonnêteté académique ».

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