La nouvelle version du Nokia 3310 n’a pas convaincu. | PAUL HANNA / REUTERS

Depuis un mois, chacun y allait de ses spéculations sur sa possible réédition. Sur Twitter, on attendait, non sans impatience, le « légendaire », « mythique », « iconique » Nokia 3310. C’est finalement une version remastérisée, en coloris jaune poussin, rouge feu, bleu marine ou gris clair, qui a été présentée dimanche 26 février lors de la conférence de presse de l’entreprise HMD au Mobile World Congress 2017.

Si ses concepteurs semblent avoir tenté de lui donner des airs d’antan, avec son petit écran carré et ses touches, le nouveau 3310 s’est aussi renouvelé. Exit la brique des années 2000, et place à des bords plus arrondis, un téléphone plus fin, un écran de 2,4 pouces, en couleurs, avec un port micro SD et un appareil photo de deux millions de pixels.

Même le jeu très addictif qui avait fait sa renommée, Snake (qui consistait à déplacer un serpent sur l’écran en évitant qu’il ne se morde la queue), n’est plus tout à fait le même, ayant gagné en modernité et en couleurs.

Un téléphone grand public, réputé indestructible

Pour mieux comprendre ce sur quoi se fonde l’engouement pour ce petit appareil, il faut remonter en 2000, soit l’année de sa commercialisation initiale par le groupe finlandais Nokia. Le 3310 est alors, avec son prédécesseur le 3210, l’un des tout premiers téléphones mobiles grand public. Pour l’équivalent de 300 euros d’aujourd’hui, il présente à l’époque un bon rapport qualité prix. Son design, lui, détonne. L’antenne est interne, le mobile plus compact et plus léger : 133 grammes, contre 150 pour le 3210, et l’écran monochrome, rétroéclairé de vert, s’utilise (enfin) de jour comme de nuit.

Côté fonctionnalités, la diversité est de mise pour l’époque. Calculatrice, chronomètre, fonction de rappel, quatre jeux, trente-cinq sonneries (et la place pour en ajouter sept à personnaliser), des SMS pouvant faire plus de 160 caractères, une nouvelle fonction T9, ou un répertoire de 250 contacts… En 2000, rarement un téléphone avait cumulé autant d’applications.

Enfin, et surtout, ce qui fait le succès du 3310, c’est sa robustesse, sa résistance aux chocs et la durée de sa batterie, qui atteint plusieurs jours.

Cent vingt-six millions d’exemplaires vendus

Résultat, le téléphone s’est vendu, jusqu’à son retrait du marché en 2005, à 126 millions d’exemplaires, selon les chiffres du constructeur. Des variantes ont même été créées, sept au total. De quoi séduire HMD, une firme elle aussi finlandaise, qui détient jusque 2024 une partie des droits de la marque Nokia, et notamment tout ce qui concerne la vente de téléphones et tablettes.

Son pari : tout miser sur le symbole. L’autonomie de la version 2017, par exemple, a été annoncée à vingt-deux heures en appel et jusqu’à un mois en veille. Une référence au mythe savamment entretenu au fil des années par des passionnés de pop-culture et quelques nostalgiques, qui ont diffusé sur Internet des mèmes, petites images détournées à l’aide d’une légende humoristique, en l’honneur du 3310.

Le téléphone mobile y est régulièrement comparé à l’iPhone, à l’inverse duquel sa batterie ne se viderait jamais, même après plus de cinquante années d’utilisation, et qui ne pourrait en aucun cas se briser sur le sol…

L’iPhone : « tombe sur le sol, écran cassé ». Le Nokia : « Tombe sur le sol, sol cassé ». | Naysar / Reddit

iPhone : « A 8h, la batterie est à 100%. A midi, il ne reste que 3% de batterie ». Nokia : « 27 décembre 2011, 8h, la batterie est à 100%. An 2062, la batterie est toujours à 100% ». | Evan90 / 9gag

La commercialisation de ce nouveau 3310 est prévue au second trimestre, au prix de 49 euros. Trouvera-t-il autant de clients que son éminent modèle ? Rien n’est moins sûr, tant les premiers tests ont laissé leurs auteurs sur leur faim, jugeant le téléphone trop fragile et… pas assez rétro.