Le 14 août 2008, au siège de la CIA à Langley, en Virginie. | SAUL LOEB / AFP

Une ancienne membre de l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA), condamnée par la justice italienne pour le rapt d’un imam égyptien, a bénéficié mardi 28 février d’une grâce partielle de Rome. Sabrina de Sousa, arrêtée la semaine dernière au Portugal, devait être extradée dans les prochains jours vers l’Italie.

Dans un communiqué, qui n’évoque pas ce transfèrement, le président Sergio Mattarella explique avoir ramené sa peine de quatre à trois ans de prison. Elle pourra, en outre, bénéficier de mesures d’aménagement pour purger sa condamnation, détaille le texte, sans préciser dans quel pays elle devra se soumettre à cette alternative à la détention.

Procès hautement symbolique

L’imam Abou Omar avait été enlevé à Milan, le 17 février 2003, au cours d’une opération coordonnée entre les services secrets italiens et la CIA, puis transféré en Egypte où il avait été torturé, selon ses avocats.

En septembre 2012, la Cour de cassation avait confirmé des peines allant de sept à neuf ans de prison pour un militaire américain et vingt-deux agents de la CIA, dont Mme de Sousa, qui a vu ultérieurement sa peine réduite à quatre ans.

Si elle a reconnu avoir servi d’interprète à l’équipe qui a organisé l’enlèvement, elle a nié toute implication directe dans l’opération. Hautement symbolique, ce procès était le premier en Europe sur les transfèrements secrets par l’agence de renseignement de suspects vers des pays connus pour pratiquer la torture, après les attentats du 11 septembre 2001.

« Exigence de rééquilibrer la peine »

La présidence transalpine a précisé avoir « pris en compte l’attitude de la condamnée, le fait que les Etats-Unis ont interrompu la pratique des transfèrements extraordinaires et l’exigence de rééquilibrer la peine par rapport à celles d’autres personnes condamnées pour le même délit ».

L’un des anciens responsables de la CIA condamné par la justice italienne, Robert Lady, avait été arrêté au Panama en 2013, mais il avait pu rentrer aux Etats-Unis sans être extradé, provoquant l’amertume de Rome.

En revanche, l’Italie avait concédé la grâce à Joseph Romano, responsable de la base américaine d’Aviano d’où l’avion transférant l’imam vers son pays était parti. Cette décision, au bénéfice de l’unique militaire du Pentagone et de l’OTAN condamné dans cette affaire, avait été saluée par Washington.

Abou Omar, aujourd’hui libre en Egypte

L’ex-imam radical égyptien Oussama Moustafa Hassan Nasr, dit Abou Omar, condamné par contumace, le 6 décembre 2013, par un tribunal italien à six ans de prison pour « association de malfaiteurs à des fins de terrorisme international », vit en liberté à Alexandrie, en Egypte. Après son enlèvement, en février 2003, par la CIA et son transfert en Egypte, cet homme né en 1963 a été détenu et torturé jusqu’en avril 2004. Déclaré innocent, il est libéré « à condition de [se] taire », a-t-il affirmé au Monde en juin 2007. Des déclarations à la presse le conduiront de nouveau en prison, dont il ne sortira que le 11 février 2007.