Benoît Hamon, aux Rencontres de l’Udecam, jeudi 2 mars, à Paris. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Invité aux Rencontres de l’Udecam, qui représente les agences médias, Benoît Hamon a pris position, jeudi 3 mars, contre la concentration des médias. Le candidat socialiste veut ainsi interdire à un groupe de détenir « plus de 40 % du capital d’une entreprise de médias » ou de « dépasser le seuil de 20 % dans plus de deux médias ».

L’ancien ministre a fustigé, sans le désigner directement, le groupe Bolloré, qui a fait publier « une trentaine d’articles » sur son service de véhicules en autopartage Autolib dans le titre gratuit Direct Matin, qu’il contrôle, et ceux qui dépendent « de la commande publique d’une main et contrôlent une chaîne de télévision », comme notamment TF1. Il a aussi souhaité que les conseils d’administration des groupes audiovisuels publics nomment leur président plutôt que le CSA, « sur le modèle de l’AFP ».

« Il faut modifier leurs conseils d’administration et que cette compétence leur revienne, et ne soit plus celle exclusive du CSA dont on peut considérer qu’il est juge et partie. »

Benoît Hamon, qui a confié qu’il n’avait pas de télévision et qu’il la regardait sur son ordinateur, tout en étant un grand amateur de radio, notamment France Inter, a jugé qu’il n’était pas nécessaire de réduire le nombre de chaînes du service public.

Alexis Corbière dénonce « l’oligarchie »

En revanche, il a fait savoir qu’il « hésit[ait] encore » sur le sujet d’une suppression totale de la publicité sur France Télévisions, en disant qu’il souhaitait un tel objectif mais que « dans l’immédiat il serait difficile » de se passer de cette « recette importante ». Il a aussi plaidé pour un maintien de la redevance avec une assiette élargie notamment aux résidences secondaires.

Autre proposition, il a suggéré d’aider à la création de nouveaux médias indépendants grâce à des fonds de dotation et de créer un nouveau « statut de sociétés de médias à but non lucratif ». Dans cette optique, Benoît Hamon veut qu’un fonds abondé par un don de particulier le soit à la même hauteur par l’Etat afin de favoriser un « financement citoyen ». Quant aux aides à la presse, il prône leur maintien mais en les rendant « plus lisibles ». L’ancien ministre a également déclaré qu’il voulait renforcer la protection des sources.

Autre invité de ces Rencontres, Alexis Corbière a dénoncé « l’oligarchie dans les médias ».

« Les médias aujourd’hui en France sont sous le contrôle d’une oligarchie : neuf personnes possèdent 80 % des médias, une concentration inacceptable dans une démocratie. »

Une poignée d’hommes d’affaires détiennent en effet les grands groupes médias français : Martin Bouygues (TF1), Xavier Niel, Mathieu Pigasse et Pierre Bergé (Le Monde, L’Obs…), Serge Dassault (Le Figaro), Bernard Arnault (Les Echos, Le Parisien), Vincent Bolloré (Canal+), Patrick Drahi (BFM TV, Libération, L’Express…) François Pinault (Le Point) et Arnaud Lagardère (Europe 1, Paris-Match).

« Nous sommes pour la création d’un Conseil supérieur des médias » en fusionnant notamment le CSA, le bureau de vérification de la publicité, et « qui réunisse des représentants de l’exécutif, du législatif, des professionnels et des associations d’usagers », a expliqué M. Corbière, qui a plaidé pour la constitutionnalisation de l’indépendance des médias.