Emmanuel Macron, lors de la présentation de son programme présidentiel, le 2 mars. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Emmanuel Macron a présenté jeudi 2 mars les six chantiers prioritaires de son programme présidentiel, placés au cœur du « contrat avec la Nation » qu’il propose aux Français pour l’élection présidentielle. Le fondateur du Mouvement En marche ! propose notamment une réforme des retraites et de l’assurance-chômage, ainsi qu’un plan de moralisation de la vie publique et la suppression de la taxe d’habitation.

La candidate du Front national, Marine Le Pen, a jugé que le programme Macron représentait une « menace majeure pour l’avenir de la France et des Français ». Le projet est « bien décevant et (…) consiste, sur certains points, en une négation de la France », a écrit sur son blog celle que l’on présente comme la principale rivale de l’ex-ministre de l’économie. Peu avant, Florian Philippot avait qualifié Emmanuel Macron de « dauphin du hollandisme ». « Comme François Hollande en 2012, il fait un catalogue de déclarations d’intention non financées, sans vision, et évidemment des promesses qu’il ne tiendra pas », a mis en avant le vice-président du Front national.

« Il aggrave la soumission à l’Union européenne. (…) Dans son programme, il n’a pas un mot sur l’immigration (…), il y a très peu sur la ruralité, rien sur les traités de libre-échange qui asphyxient, qui tuent, qui sont un carnage pour nos agriculteurs. »

Du « Fillon light »

« Je ne vais parler que d’une mesure qui nous différencie, a réagi, de son côté, Benoît Hamon, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture. Il est pour le CETA, le traité de libre-échange avec le Canada, et je suis contre. »

« On ne peut pas être pour l’encouragement du libre-échange et en même temps pour la COP 21, c’est complètement contradictoire. »

Des propos complétés par Jérôme Guedj, soutien de Benoît Hamon, qui voit dans le programme d’Emmanuel Macron, du « Fillon light ». « Je suis estomaqué par la dureté, l’âpreté des propositions d’Emmanuel Macron, observe Jérôme Guedj. Il est clairement sous l’influence de tous les libéraux, de tous les responsables notamment de droite qui ont rejoint sa campagne. »

Critiques acerbes également à droite. « Je m’attendais plutôt à une lettre d’excuses. Pas un mot sur le bilan de François Hollande, pas un mot sur le devoir d’inventaire. On a juste eu, au fond, une sorte d’exercice d’autosatisfaction, alors que, je le rappelle, M. Macron est le digne représentant de M. Hollande dans cette campagne présidentielle », souligne le député Les Républicains Eric Woerth.

« Le programme budgétaire de Macron, c’est de l’incohérence financière. C’est le candidat de la dette. Il parle de réaliser 60 milliards d’économies sur cinq ans, donc il va augmenter la dépense publique. »

Seul Pierre Gattaz trouve des motifs de satisfaction dans le programme Macron. « Globalement, ça va dans le bon sens », juge le président du Medef. Mais « 60 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques, pour nous, ça ne sera pas suffisant », estime-t-il. « Sur l’intention de rénover l’économie française, une fiscalité meilleure, des prélèvements obligatoires meilleurs, les intentions sont là. Après, en effet, il faut rentrer dans les détails. Le diable se cache dans les détails, et c’est là où nous restons encore sur notre faim. »