Un vendeur de café à Caracas, le 16 janvier. | JUAN BARRETO / AFP

On connaissait l’indice Big Mac, créé par l’hebdomadaire The Economist pour comparer le niveau des devises dans le monde en se basant sur le prix du célèbre hamburger. Place au Cafe con leche Index, inventé par l’agence financière Bloomberg pour tenter de mesurer l’hyperinflation qui sévit au Venezuela.

Le principe ? Répertorier, semaine après semaine, le prix d’un café au lait servi dans une boulangerie de l’est de Caracas, la capitale du pays. Résultat observé : une explosion de l’addition, entre début décembre et fin février, équivalant à un taux annuel d’inflation de 932 % !

« Même si cette jauge n’est pas aussi sophistiquée qu’un indice conventionnel des prix à la consommation, elle a ses mérites », souligne Bloomberg avant de les énumérer : basé sur un produit consommé quotidiennement, le baromètre fournit des informations concrètes. Et régulières. Des qualités inestimables pour un pays en faillite où les statistiques fiables sont aussi difficiles à trouver que le sucre ou les médicaments.

Bazar statistique

En 2007, sous la houlette de l’ancien président Hugo Chavez, le Venezuela a claqué la porte du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. « Désormais, il est très difficile de faire des évaluations quantitatives sur la situation du pays », a résumé Cristina Jude, économiste à la Banque de France, lors d’une conférence organisée par l’Agence française de développement sur les économies latino-américaines. Ainsi, rappelle Mme Jude, « des estimations privées parlent de 300 % d’inflation en 2016 alors que le FMI la situe plutôt à 720 % ».

Ce bazar statistique n’est que le reflet d’une économie que la chute des prix de l’or noir et un pilotage malheureux ont fait complètement dérailler. Le gouvernement n’a pas actualisé depuis treize mois son estimation sur l’évolution du produit intérieur brut. Et Caracas ne distille que de loin en loin les chiffres de sa production d’hydrocarbures qui assure pourtant 95 % de ses recettes d’exportation. Des données qui, par-dessus le marché, ne collent pas toujours avec celles diffusées par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Quant au taux de change, il en existe trois différents pour évaluer le bolivar en dollars, y compris celui pratiqué sur le marché noir. Un peu à la façon du Big Mac ou du cafe con leche, le fonds new-yorkais Torino Capital a inventé l’indice Arepa, qui tente de déterminer le bon niveau de la devise en consignant chaque mois le prix de ce pain de maïs blanc consommé à tous les repas. A chacun sa spécialité culinaire…