Le 2 mar, à Paris, lors de la conférence de presse au cours de laquelle Emmanuel Macron (En Marche !) a présenté son programme. | LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"

Emmanuel Macron s’engage sur un terrain sensible dans le monde universitaire : celui du recrutement des enseignants-chercheurs. Pour le candidat à la présidentielle, qui vient de rendre public son programme le 2 mars, il est temps de « libérer l’énergie » et de passer à une « autonomie réelle ». Pour cela, écrit-il, « nous donnerons aux universités et aux grandes écoles la liberté de recruter eux-mêmes leurs enseignants-chercheurs suivant les standards internationaux de qualité et d’indépendance ».

Actuellement, si les universités recrutent déjà leurs personnels, un cadre national régule l’embauche des maîtres de conférences et des professeurs d’université, puisque ces derniers doivent d’abord être qualifiés par le Conseil national des universités (CNU) avant de pouvoir postuler dans les établissements.

La suppression de cette qualification, qui consiste en un examen sur dossier des travaux des candidats, provoque, à chaque fois qu’elle revient sur le devant de la scène, un intense débat entre ses défenseurs et ses opposants, comme en 2013 à l’occasion d’un amendement écologiste sur la loi Fioraso, finalement écarté.

Les uns soutiennent cette procédure comme une garantie d’homogénéité des critères d’exigence pour devenir enseignants-chercheurs sur le territoire national, ainsi qu’une barrière contre un potentiel favoritisme au profit des candidats locaux – phénomène bien connu dans les universités et brocardé sous le terme de « localisme ». Les autres soulèvent les limites de ce fonctionnement qui favoriserait toujours la dimension « recherche » du métier au détriment des qualités d’enseignant des candidats. Selon eux, les universités seraient plus à même de faire le bon choix.

Des prérequis à l’entrée de l’université

Pour Emmanuel Macron, cette « libération » de l’université passe également par la possibilité d’afficher des prérequis à l’entrée de la licence, alors que la sélection est aujourd’hui exclue en principe à l’entrée du premier cycle universitaire. « Pour une licence en sciences, ces prérequis pourront être des acquis minimaux en mathématiques, en sciences physiques ou en sciences de la vie et de la terre. Un lycéen ne disposant pas de ces prérequis pourra s’inscrire après avoir comblé ses lacunes, par des cours d’été ou par la validation de modules universitaires. »

Cette vision est proche de celle que défend la CPU ou le candidat Les Républicains, François Fillon, tandis que l’échec en licence demeure élevé et que 30 000 à 40 000 étudiants supplémentaires rejoignent les bancs universitaires chaque année.

Pour répondre à ce défi et « enrayer la sélection par l’échec », l’ancien ministre de l’économie prévoit de développer un « accompagnement pédagogique personnalisé », mais aussi la création de 100 000 places supplémentaires « dans de nouvelles filières courtes professionnalisantes proposées par les lycées, les universités, les établissements consulaires en lien avec les branches professionnelles ». Sans pour autant chiffrer le coût d’une telle mesure.

Sur le volet budgétaire, au cœur des préoccupations des universitaires, Emmanuel Macron indique seulement qu’il compte « sanctuariser le budget de l’enseignement supérieur ». Pas question de se prononcer sur le milliard d’euros supplémentaires annuels défendu par les présidents d’université et la plupart des syndicats de personnels et d’étudiants. Il envisage cependant « d’attribuer des moyens publics supplémentaires aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche sur des bases contractuelles ».

Reste la question cruciale de l’emploi dans ce secteur qui repose principalement sur des moyens humains : l’enseignement supérieur et la recherche feront-ils partie, comme l’éducation nationale, des secteurs épargnés par les 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires promises par le candidat ?