LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu de ce week-end : du jazz avec le festival Banlieues bleues à Paris et en région parisienne, le retour de l’humoriste Fellag au Théâtre du Rond-Point, une figure de la scène graffiti de Los Angeles dans une galerie parisienne, une adaptation réussie des Liaisons dangereuses à Ivry et des spectacles pour les tout-petits à Gennevilliers…

MUSIQUES. La 34e édition du festival Banlieues bleues ouvre ses portes

Affiche (détail) de la 34e édition du festival Banlieues bleues. | ILLUSTRATION : BLUTCH

Organisée, pour sa partie concert, dans une bonne dizaine de villes de la Seine-Saint-Denis, avec quelques virées dans le Val-d’Oise, les Hauts-de-Seine et Paris, la 34e édition du festival Banlieues bleues débutera vendredi 3 mars et se terminera vendredi 31 mars. Soit quatre semaines bien fournies de musique et surtout du jazz.

Pour son premier week-end, Banlieues bleues recevra d’abord, vendredi 3 mars, à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, le duo composé du saxophoniste Binker Golding et du batteur Moses Boyd, plutôt proche du courant free-jazz, puis le batteur Tony Allen pour un hommage à son confrère Art Blakey (1919-1990), figure centrale du hard-bop.

Le lendemain, samedi 4 mars, à La Dynamo de Pantin, ce sera vers la musique contemporaine que nous amènera le trio de la saxophoniste Mette Henriette, puis la « guitare rugueuse et indomptée » de Stian Westerhus, avant de savourer une proposition électro avec Jameszoo. Sylvain Siclier

Festival Banlieues bleues, jusqu’au 31 mars. Concert du vendredi 3 mars à l’Espace 1789, 2-4, rue Alexandre-Bachelet, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Mo Garibaldi. A partir de 20 h 30. De 10 € à 16 €. Concert du samedi 4 mars à La Dynamo, 9, rue Gabrielle-Josserand, Pantin (Seine-Saint-Denis). Mo Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins. A partir de 20 h 30. De 10 € à 16 €.

HUMOUR. Fellag nous fait du bien au Théâtre du Rond-Point, à Paris

Les postérieurs prenaient leur liberté / Fellag - Bled Runner
Durée : 01:48

Il faut le dire et le répéter : Fellag n’a rien à voir avec ces « humoristes » qui depuis vingt ans se sont multipliés notamment via la télévision, qui usinent le rire à coups de rouages grossiers, et l’indexent le plus souvent sur l’exclusion de l’autre – et plus fragile est cet autre, plus on s’acharne sur lui.

L’auteur et comédien algérien, qui vit en France depuis vingt ans, suite aux menaces dont il faisait l’objet de la part des islamistes dans son pays, revient à Paris, au Théâtre du Rond-Point, avec un spectacle irrésistiblement drôle, et qui fait du bien, par les temps qui courent.

Fellag reprend dans Bled Runner certaines scènes de ses précédentes créations, les remouline avec un regard d’aujourd’hui, et c’est toute une histoire franco-algérienne, ou algéro-française, qui passe à la moulinette de son regard impitoyable, mais plein de tendresse. Fabienne Darge

« Bled Runner », par Fellag. Mise en scène : Marianne Epin. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Mo Franklin D. Roosevelt. Tél. : 01-44-95-98-21. Du mardi au dimanche à 18 h 30, jusqu’au 9 avril. De 16 € à 38 €. Durée : 1 h 30. Puis en tournée jusqu’à la fin juin 2017.

ART URBAIN. Les trésors constructivistes de Kofie à la galerie Openspace, à Paris

E. J. POUR LE MONDE.FR

L’Américain Augustine Kofie, figure de la scène graffiti de Los Angeles, est de ces graffeurs émérites dont la pratique en atelier est loin de se résumer à reproduire sur toile ce qu’ils proposent à l’échelle de la ville. Dans un cas comme dans l’autre, son travail est immédiatement identifiable : constructions abstraites tout en lignes rétro-futuristes, camaïeux de couleurs vintage aux accents industriels et volumes porteurs de la mémoire des lettrages à la bombe aérosol de ses débuts.

Côté rue, ses murs ouvrent des perspectives savantes, des brèches aux mécaniques fluides aussi charpentées que leur auteur, serein colosse de 43 ans. Côté galerie, pour cette exposition intitulée « Build From Memory », tout est affaire de précision et d’orchestrations de fragments du temps.

Au fil d’un accrochage qui déploie les explorations spatio-temporelles de l’artiste, on découvre ses collages au cordeau, un mur d’inspiration où son appétence pour le volume semble indiquer de futures incursions vers la sculpture, jusqu’à une salle où ses architectures mouvantes s’assouplissent et se font plus aériennes. Emmanuelle Jardonnet

« Augustine Kofie, Build From Memory », jusqu’au 1er avril. Galerie Openspace, 116, boulevard Richard-Lenoir, Paris 11e. Mo Oberkampf. Du mercredi au samedi de 14 heures à 19 heures. Entrée libre.

THÉÂTRE. Une arme fatale aux Quartiers d’Ivry

« Ne me touchez pas », dans une mise en scène d’Anne Théron. | JEAN-LOUIS FERNANDEZ / COMPAGNIE LES PRODUCTIONS MERLIN

Un homme et une femme dans une salle de bain baroque, vaste et dévastée, comme calcinée, avec des miroirs opaques qui débouchent sur un couloir qui semble sans fin. L’homme est assis sur un fauteuil, la femme se tient dans la baignoire, vide.

Qui sont-ils, ces deux êtres que l’on sent prêts à aller jusqu’au bout de la nuit ? Valmont et Merteuil dans Ne me touchez pas, un spectacle qu’Anne Théron a écrit et mis en scène en s’appuyant sur Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos (1782), et Quartett, la pièce que le roman épistolaire a inspirée à Heiner Müller, deux siècles plus tard (en 1980).

La Tourvel n’est pas invitée (ni la vérole, ni le duel) dans cette version originale et personnelle qui invente un personnage, rôdant sur le plateau comme une ombre noire : La Voix, par laquelle s’exprime la part d’enfance, et la conscience, des deux amants désunis.

De Merteuil, Anne Théron fait une femme que l’abandon a rendue forte ; de Valmont, un homme captif d’une force qui l’abandonne. Leur duel passe par les mots, et feraille leurs corps. Marie-Laure Crochant joue une Merteuil combative et sexuelle ; Laurent Sauvage, un Valmont rhétorique et charnel. La présence de ce comédien est unique, et sa voix, magnifique. S’il y a une arme fatale dans ce Ne me touchez pas, c’est bien lui. Brigitte Salino

« Ne me touchez pas », d’après « Les Liaisons dangereuses », de Choderlos de Laclos, et « Quartett », de Heiner Müller. Adaptation et mise en scène : Anne Théron. Avec Marie-Laure Crochant, Julie Moulier, Laurent Sauvage. Théâtre des Quartiers d’Ivry à la Manufacture des Œillets, 1, place Pierre Gosnat, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Mo Mairie d’Ivry. Tél. : 01-43-90-11-11. Vendredi 3, à 20 h 30 ; samedi 4, à 18 h 30 ; dimanche 5, à 16 h 30. De 7 € à 24 €.

ART DU RÉCIT. Paris se met à l’heure du conte le temps d’une journée

Une soirée de contes lors de la deuxième de la journée de mobilisation en faveur des migrants organisée par le collectif Xclus au Centre de la Tour des Dames à Paris, le 24 septembre 2016. | COLLECTIF XCLUS

Les amateurs de littérature orale auront l’embarras du choix pour occuper leur samedi 4 mars. Deux événements consacrés aux artistes de la parole se déroulent en parallèle à Paris. Le Patronage laïque Jules Vallès (Paris 15e) ouvre le bal en proposant dès 14 h 30 une programmation baptisée « Laissez-vous conter » avec une conférence animée par la conteuse Karine Mazel-Noury (compagnie Les Mots tissés) sur les liens entre conte, laïcité et religion, suivie de trois ateliers autour du conte (le tout en accès libre sur réservation).

Après une pause repas, la soirée (en accès payant, à partir de 20 heures) mettra à l’honneur la conteuse Nathalie Leone et son spectacle Heureux, malgré tout, mêlant histoires traditionnelles et récit de vie.

De son côté, le collectif Xclus, qui promeut une prise de parole militante en soutien aux migrants et contre l’exclusion, organise la troisième édition de sa mobilisation à l’échelle nationale pour collecter des fonds au profit de la Cimade.

Au programme, au Centre Paris Anim’Tour des dames (Paris 9e), à partir de 16 heures : un tour de contes pour enfants suivi d’un goûter, d’un duo musical, d’un récit accompagné d’une discussion sur la situation des migrants, d’un repas proposé par le collectif Les Pies, d’une soirée de paroles militantes et artistiques mêlant contes, poésies, slams, chansons, projection d’un documentaire, témoignages et réalisation en direct d’une fresque dessinée. La première partie de la journée est en accès libre, puis la soirée à partir de 18 heures est payante. Cristina Marino

Patronage laïque Jules Vallès, 72, avenue Félix-Faure, Paris 15e. Mo Boucicaut. Réservations au 01-40-60-86-00. Tarifs : 6 € (buffet) et 14 € ou 12 € (spectacle à 20 heures).
Collectif Xclus au Centre Paris Anim’Tour des Dames, 14-18, rue de la Tour des Dames, Paris 9e. Mo Trinité-d’Estienne d’Orves. Tél. : 01-53-25-14-00. Tarifs : 15,01 € (tarif de soutien), 10,72 € (plein tarif) et 6,42 € (tarif réduit).

RÉCITALS. Du jeune piano au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris

Le jeune pianiste britannique Benjamin Grosvenor. | PATRICK ALLEN / THÉÂTRE DES CHAMPS-ELYSÉES

Week-end hautement pianistique, qui verra se produire au Théâtre des Champs-Elysées deux étoiles montantes du clavier : le Français d’origine libano-mexicaine, Simon Ghraichy (31 ans) et le Britannique Benjamin Grosvenor (24 ans).

Si le premier, récemment lancé par Deutsche Grammophon via l’album Heritages, assorti d’une énorme campagne de publicité (jusque dans le métro) doit encore convaincre à la scène, le second est un artiste confirmé. Le jeune pianiste anglais, qui est à la tête de plusieurs succès discographiques chez Decca, est un véritable phénomène musical. Son gargantuesque appétit se mesure à tous les répertoires, de Mozart à Scriabine, en passant par Granados et Liszt. Un point commun avec Simon Ghraichy, dont le programme « Liszt and the Americas » propose de mettre en évidence l’influence lisztienne sur les compositeurs américains. Marie-Aude Roux

Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma-Marceau. Samedi 4 mars à 20 heures : Simon Ghraichy. De 5 € à 65 €. Dimanche 5 mars à 11 heures : Benjamin Grosvenor. De 5 € à 30 €, gratuit pour les moins de 9 ans. Tél. : 01-49-52-50-50.

SPECTACLES. La Famille Semianyki au Festival jeune et très jeune public à Gennevilliers

СЕМЬЯНЮКИ. Шоу театра Semianyki. Трейлер.
Durée : 01:02

Offrir une programmation de qualité à destination des tout-petits et de leurs parents, tel est l’objectif de la troisième édition du Festival jeune et très jeune public, organisée par la ville de Gennevilliers en partenariat avec l’association Enfance et musique.

Depuis le 24 février, et jusqu’au 7 mars, quelque 80 représentations (pour trente-cinq spectacles et vingt-quatre créations) sont ainsi proposées dans une quinzaine de lieux différents, à la fois dans les équipements culturels classiques (médiathèques, salle de cinéma, salle des fêtes, Maison du développement culturel, conservatoire, etc.) mais aussi dans des endroits plus inhabituels comme des crèches et des écoles maternelles transformées pour l’occasion en salles de spectacles.

Plusieurs artistes sont associés au festival et leurs compagnies accueillies en résidence à Gennevilliers pour des créations originales. Avec une grande diversité de disciplines représentées : musiques, chanson, cirque, danse, marionnettes, conte, clowns, etc.

A noter, entre autres, du côté des créations : le spectacle de la conteuse Sabrina Chézeau, Les Souliers mouillés (mardi 7 mars à 10 h 45 et 13 h 45) ; celui de la compagnie Foz, Les Petites Rêveries (le 7 mars à 9 h 30 et 13 h 45) ; la compagnie L’Etoffe des rêves et son spectacle clownesque Pendant que la Belle dormait (le 7 mars à 10 h 45 et 14 h 45)…

La majorité des spectacles sont programmés en matinée et l’après-midi pour s’adapter aux horaires des plus jeunes (dès 6 mois pour certaines représentations). Les plus grands (à partir de 6 ans) pourront exceptionnellement veiller un peu plus tard le samedi 4 mars pour assister, à partir de 18 heures, au spectacle proposé par les clowns loufoques et déjantés de la Famille Semianyki venue tout droit de Russie. C. Mo.

Festival jeune et très jeune public, à Gennevilliers, jusqu’au 7 mars. Spectacle de la Famille Semianyki, le samedi 4 mars à 18 heures, à la salle des fêtes, tarifs spéciaux : 16 €, 12 € et 8 €. Tarif unique de 3,50 € pour les séances tout public et entrée libre pour les séances scolaires.