Les vaccins contre l’hépatite B ne sont plus disponibles en pharmacie de ville. « Ils sont aujourd’hui strictement contingentés en pharmacie des établissements de santé. » Ce message a été adressé, jeudi 2 mars, par la Direction générale de la santé (DGS) aux professionnels. Depuis le début de l’année, la France, comme d’autres pays, est confrontée à des tensions d’approvisionnement de vaccins contre l’hépatite B destinés aux adultes, a souligné la DGS dans un communiqué. Une situation qui durera au moins toute l’année 2017.

Pour pallier ces pénuries, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a rendu public jeudi un avis pour définir quelles étaient les populations prioritaires. Il recommande de vacciner en priorité les personnes pour lesquelles cette vaccination est obligatoire : les professionnels de santé (ainsi que les élèves ou étudiants), les militaires, etc. Le HCSP liste également les autres personnes prioritaires, mais qui ne sont pas soumises à l’obligation, parmi lesquelles les personnes dialysées ou souffrant d’insuffisance rénale chronique, les détenus… Les autres personnes souhaitant se faire vacciner devront attendre.

L’hépatite B est une maladie du foie due à un virus très contagieux, qui peut se transmettre par le sang ou par les relations sexuelles. Touchant environ 300 000 personnes en France, elle guérit dans plus de 90 % des cas mais peut être grave.

Long processus de fabrication

Comment en est-on arrivé à une telle pénurie ? Le laboratoire Sanofi Pasteur MSD a arrêté la commercialisation du vaccin Genhevac B en novembre 2016. Quelques mois avant, le laboratoire GlaxoSmithKline, qui produit le vaccin Engerix B20, destiné aux personnes de 16 ans et plus, a rencontré « un problème technique de production » dans une usine en Belgique. Le site a dû stopper sa production plusieurs mois. Or, GSK approvisionne environ 80 % du marché français. La fabrication d’un produit biologique est un processus long, de dix-huit mois à deux ans, et complexe. Conséquence : il y a eu des reports de prescription vers l’autre vaccin contre l’hépatite B, Hbvaxpro (MSD Vaccins), qui rencontre désormais lui aussi des difficultés d’approvisionnement.

Des alternatives sont à l’étude avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et les laboratoires. Il est prévu d’importer des vaccins d’autres pays européens, destinés aux insuffisants rénaux. Et d’utiliser ces doses pour « économiser » le vaccin Engerix B20. Le HCSP recommande aussi de restreindre les doses dans certains cas pour les vaccinations en milieu professionnel.

Inquiètes, les associations alertent la ministre de la santé depuis des semaines. La Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux craint que « cette situation soit dommageable pour les patients dialysés, en attente d’une greffe ou greffés », pour lesquels ce vaccin est indispensable. L’association SOS hépatites se demande comment le pharmacien hospitalier va prioriser. L’insuffisant rénal ou la jeune fille qui veut être infirmière ? Le pompier ou le toxicomane ? Elle a mis en place un observatoire afin de collecter les remontées de patients, de professionnels… « La médecine du travail nous demande une vingtaine de vaccins par semaine, or il nous en reste une dizaine en stock, explique Alain ­Astier, chef du département de pharmacie de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil). C’est un problème majeur de santé publique. »

Le HCSP rappelle que les vaccins pédiatriques, qui ne sont pas concernés par les pénuries, ne doivent pas être utilisés chez les adultes. La vaccination contre l’hépatite B est recommandée chez tous les nourrissons, pour lesquels un vaccin hexavalent est souvent utilisé. Le HCSP a défini également des priorités pour l’hépatite A, dont le vaccin est aussi en pénurie, et préconise d’administrer une seule dose, contre deux habituellement.