Quora se met au français. La plate-forme américaine de questions-réponses entre internautes a lancé, mardi 28 février, sa version francophone. Celle-ci est encore en phase de tests et une invitation doit être demandée pour pouvoir y accéder. « Nous avons déjà beaucoup d’utilisateurs en France mais tout le monde ne parle pas anglais », souligne Adam D’Angelo, le fondateur et patron de la start-up.

Lancée en 2009 à Mountain View, dans la Silicon Valley, Quora permet à ses utilisateurs de poser des questions, d’y répondre ou de consulter les réponses laissées par d’autres. « La plupart des connaissances ne sont toujours pas disponibles sur Internet, explique M. D’Angelo. Pour certains sujets, les informations que peut fournir un expert sont bien meilleures que celles qui sont accessibles en ligne. »

« Très large audience »

En 2016, la société revendiquait plus de 100 millions d’utilisateurs actifs par mois, dont la moitié en dehors des Etats-Unis. Pour gagner de nouveaux adeptes, Quora s’est lancée en espagnol fin 2016. Les traductions en allemand et en italien sont les prochaines sur la liste. Les différentes versions restent indépendantes, et une icône permet de passer de l’une à l’autre. Les questions et réponses publiées en anglais ne seront ainsi pas traduites en français et inversement.

La grande majorité des utilisateurs se contente de lire. Le défi de la plate-forme est d’attirer suffisamment d’experts pour apporter des réponses pertinentes. « Ils peuvent avoir accès à une très large audience, fait valoir le responsable, ex-directeur de la technologie de Facebook. Certains veulent simplement partager leur savoir. Et d’autres ont réussi à se bâtir une belle réputation en ligne. »

Contrairement à l’encyclopédie en ligne Wikipedia, Quora n’exige pas de citer ses sources. Et la société ne contrôle pas les contenus postés par ses membres. A la place, elle incite les utilisateurs à se servir de leur véritable nom et à renseigner une biographie, notamment leur emploi. Et s’il est encore possible de répondre anonymement aux questions, Quora limite de plus en plus les actions pouvant être effectuées sans dévoiler son nom.

Un système de notation

Le service repose aussi sur sa communauté, avec un système de notation et de commentaires. Tout le monde peut donner une évaluation positive ou négative à toutes les réponses. Un algorithme informatique établit alors la crédibilité des utilisateurs et leurs domaines de compétence, et définit ainsi l’ordre d’affichage des réponses. « Nous avons réussi à limiter le nombre de fausses informations », avance le patron de Quora.

Certains sujets demeurent délicats, en particulier ceux qui reposent davantage sur des opinions que sur des faits. « Les questions politiques sont complexes, admet M. D’Angelo. Idéalement, nous essayons de présenter l’ensemble des points de vue. » L’algorithme informatique se charge ensuite de déterminer les plus pertinents. Le responsable avoue cependant que le système est encore perfectible.

Sept ans après sa création, Quora, qui a levé plus de 140 millions de dollars (133 millions d’euros) auprès d’investisseurs, vient de lancer son processus de monétisation. « Ce n’est pas la priorité », affirme M. D’Angelo, même si une date a été fixée en interne pour parvenir à la rentabilité. Depuis 2016, la société teste des annonces publicitaires affichées sous certaines questions. Mais l’initiative apparaît encore limitée. Pour le moment, aucune publicité ne sera affichée sur la version française.