Documentaire dimanche 5 sur Public Sénat à 19 heures

Le « social business », qu’est-ce que c’est ?« Presque un oxymore », répond Nicolas Hulot. Ce concept inventé par Muhammad Yunus, promoteur du microcrédit dans les pays pauvres et Prix Nobel de la paix en 2006, vise à répondre à un problème social en créant une activité. Cette nouvelle entreprise a vocation à fonctionner sans pertes et sans dividendes. L’idée peut paraître folle. A travers plusieurs exemples et en suivant le professeur Yunus entre 2012 et 2014, le documentaire tente de nous montrer comment fonctionne le système.

Dans le village de Goalmani, au Bangladesh, l’eau contaminée à l’arsenic empoisonne les habitants. Avec Veolia et le soutien de la banque Grameen, fondée par le Prix Nobel de la paix pour développer le microcrédit, une entreprise est créée pour proposer de l’eau propre. Celle-ci n’est pas gratuite, les villageois doivent accepter de la payer, ce qui provoque au départ des réticences. Mais, une fois un prix raisonnable fixé, la ­petite activité peut prospérer.

Satisfaire les besoins élémentaires

Le social business peut aussi être mis en place pour des projets de plus grande taille. Les multinationales y trouvent leur intérêt. Elles expérimentent des moyens de distribution ou de conception de leurs produits, intègrent des problématiques liées à la préservation de l’environnement. Ce documentaire, qui donne la parole à Muhammad Yunus et à des hommes politiques français, comme Jean-Paul Delevoye ou le patron de Danone d’alors, Antoine Riboud, est un peu trop bavard et sans guère de recul. Mais il a pour mérite de nous familiariser avec le concept sur lequel il se penche.

La diffusion du film sera précédée d’un face-à-face avec son réalisateur. Et suivie d’un débat animé par Nora Hamadi avec Jean-Louis Laville, sociologue et économiste, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire « économie solidaire », Eric Lesueur, PDG de 2EI Veolia, et Jean-Marc Guesne, directeur d’Ashoka France. Selon la logique « pas de pertes, pas de dividendes », entreprises et organisations non gouvernementales entendent satisfaire les besoins élémentaires de communautés défavorisées. Mais l’économie peut-elle véritablement venir en aide aux populations démunies ? Ce modèle est-il viable ? Le film ne répond pas à ces questions, le débat sans doute.

Social Business, d’Amirul Arham (France 2017, 52 minutes).