Le président François Hollande rend visite à la Grande Ecole du numérique, à Paris, le 3 octobre 2016. | PHILIPPE LOPEZ / AFP

Six mois pour apprendre à coder. C’est le défi que s’est lancé Désirée Deutou, 36 ans, ancienne responsable des ventes dans le prêt-à-porter. Elle a rejoint en ­octobre 2016, la sixième pro­motion « développeur Web » de la fabrique (école) Simplon, à ­Montreuil (Seine-Saint-Denis). En ­compagnie de trente camarades, âgés de 19 à 36 ans, Désirée Deutou apprend à maîtriser les subtilités du code et de l’algorithmique. Le tout sans débourser un centime pour ses frais de scolarité.

D’ici à 2022, le secteur du numérique créera 190 000 postes en France, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques. Pour répondre à cette demande, les offres de cursus courts se multiplient dans l’Hexagone. Le label « Grande Ecole du numérique », lancé en 2015 par François Hollande, regroupe 170 formations gratuites dont la durée varie de trois à trente-six mois.

« Il s’agit de répondre aux besoins de l’économie en matière de nouvelles compétences et de favoriser l’insertion socioprofessionnelle sans barrières de diplômes », explique-t-on au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. En effet, nul besoin d’un doctorat ou d’un baccalauréat pour évoluer dans un domaine où l’adaptation et la réactivité sont les maîtres mots.

Avant de postuler à Simplon, Désirée Deutou n’avait jamais écrit une ligne de code. Partant avec un « petit bagage en maths », elle a commencé son apprentissage « avec une certaine appréhension ». Mais à l’heure du numérique, c’est la détermination qui fait la différence. Désirée Deutou a découvert une pédagogie innovante à tous points de vue, calquée sur les bootcamps – sessions d’entraînements intensifs au numérique – très en vogue aux Etats-Unis.

Tous les profils se croisent

Dans le vaste open space de Montreuil, point de cours magistraux mais des démonstrations pratiques privilégiant l’autonomie et le sens de la débrouille. Tous les profils se croisent : du jeune décrocheur passionné par le Web au professionnel en reconversion. Les vastes locaux – dont les cloisons se modulent au gré des séances de travail – sont ouverts quasiment sans interruption. Il n’est pas rare que les « simploniens » restent devant leurs ordinateurs jusque tard dans la nuit quand ils ne participent pas à des débats citoyens.

Cette pédagogie horizontale et dynamique est le propre du numérique pour Erwan Kezzar, ­cofondateur du réseau des trente fabriques Simplon réparties en France et à l’étranger. « Dans ce secteur, rien n’est rigide, affirme ce trentenaire survolté. Le but n’est pas forcément d’atteindre le plus haut niveau mais d’apprendre à apprendre. Il vaut mieux programmer que d’être programmé ! »

Ce credo pourrait correspondre aux établissements POP School, implantés dans les Hauts-de-France et labellisés « Grande Ecole du numérique ». « En six mois, les élèves reçoivent l’équivalent d’une année scolaire d’enseignement, ­détaille Florette Eymenier, cofondatrice de POP School. Cela correspond à nos budgets, mais aussi à la demande de nos élèves. »

Avec une moyenne de 70 % des jeunes embauchés en contrat à durée indéterminée à la sortie de POP School, le pari est gagné. Pour accompagner les évolutions des technologies de demain, POP School s’apprête d’ailleurs à ouvrir, en avril, une formation de six mois « IoT Maker », spécialisée dans les objets connectés.

Carte des formations labellisées Grande école du numérique