Jean-Luc Mélenchon passe à « L’Emission politique », sur France 2, avec Léa Salamé et David Pujadas. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

« L’université sera gratuite dès la rentrée 2017, prise en charge par l’Etat », promet Jean-Luc Mélenchon dans un livret consacré à son programme en matière d’enseignement supérieur et à la recherche, rendu public début mars. Les droits de scolarité dans les établissements publics d’enseignement supérieur sont cette année de 184 euros en licence et 256 euros en master.

Après avoir fait le constat que l’enseignement supérieur et la recherche font face à une « déstabilisation sans précédent » – citant les exemples des recrutements « qui ont plongé », de la précarité des salariés du supérieur et de l’« énorme gâchis » en matière de recherche, dû aux « démarches kafkaïennes », le candidat de La France insoumise propose l’abrogation du crédit d’impôt recherche (CIR), une « niche fiscale notoirement inefficace censée inciter l’investissement privé dans la recherche et qui coûte 5,5 milliards d’euros par an ».

Un budget doublé en cinq ans, pour sortir de l’austérité

La suppression du CIR s’accompagnera d’un effort pour le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche : Jean-Luc Mélenchon propose un doublement du budget en cinq ans, pour « sortir de l’austérité ». A titre comparatif, Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche !, qui a présenté, lui aussi, son programme pour l’université, le 2 mars, plaidait pour « une sanctuarisation » du budget, tandis que Benoît Hamon, vainqueur de la primaire de la gauche, a rappelé sa promesse d’augmenter de 1 milliard chaque année le budget de l’enseignement supérieur.

Le plan d’investissement du candidat de La France Insoumise, une relance évaluée à 102 milliards d’euros sur cinq ans, prévoit par ailleurs deux milliards d’euros pour « rénover les universités et construire des logements étudiants ». Autre proposition du programme, « une allocation d’autonomie de 800 euros par mois sur trois ans, sous condition de ressources pour les jeunes engagés dans une formation qualifiante ». Enfin, un plan pour le logement est prévu avec « un objectif de 15 000 mises en chantiers de logements sociaux étudiants ».

En plus des étudiants, Jean-Luc Mélenchon veut soigner les personnels de l’enseignement supérieur. Un plan de recrutement sera lancé dans tous les corps de métiers et les catégories de la fonction publique. En attendant un audit complet des besoins, « 5 000 chercheurs, enseignants-chercheurs et personnels techniques en trois ans » seront ainsi embauchés.

Contre l’autonomie des universités

Le projet de Jean-Luc Mélenchon remet en cause la dualité entre grandes écoles et les universités. « Les grandes écoles publiques recentrées sur leurs missions d’intérêt général seront associées à des universités en égalisant les moyens octroyés », indique le livret, rédigé par un groupe de travail coordonné par Hendrik Davi, docteur en écologie, Raphaëlle Temios, maître de conférences en sciences de la vie et de la terre et de l’univers et Jean-Louis Bothorel, docteur en linguistique allemande.

Les auteurs dénoncent enfin « l’autonomie » [des universités], « ce maître mot des responsables politiques, allant du FN au PS ». Une dénonciation opposée au souhait des présidents d’université, réunis les 28 février et 1er mars à Reims pour leur conférence annuelle, qui demandent plus d’autonomie et le droit d’instaurer des prérequis à l’entrée en licence.