Mauricio Macri, le 1er mars à Buenos Aires. | JUAN MABROMATA / AFP

Le président argentin de centre droit, Mauricio Macri, est de nouveau dans le collimateur de la justice, soupçonné de conflit d’intérêts. Le procureur Jorge Di Lello a ouvert une enquête, mercredi 1er mars à Buenos Aires, pour trafic d’influence, après que la compagnie aérienne colombienne Avianca a obtenu des autorités argentines l’autorisation d’exploiter 14 lignes intérieures et internationales. Or, Avianca venait de racheter la compagnie Macair, propriété du père du président, Franco Macri.

Celui-ci est un entrepreneur milliardaire dont l’empire industriel s’étend de la construction à l’automobile en passant par le transport aérien avec des ramifications au Brésil, en Uruguay et en Chine. Cette opération pourrait porter préjudice à la compagnie aérienne Aerolineas Argentinas, nationalisée en 2008 par le gouvernement péroniste de Cristina Kirchner (2007-2015).

Le président Macri a nié tout favoritisme vis-à-vis du groupe familial. Il a promis, dans la foulée, de nouvelles lois pour renforcer la transparence.

Depuis son arrivée au pouvoir, le 10 décembre 2015, le président argentin a été éclaboussé par le scandale des « Panama Papers », dans lequel son nom et celui de son père sont apparus comme dirigeants de sociétés enregistrées dans des paradis fiscaux, aux Bahamas et à Panama.

« Transparence »

Le 14 février, un procureur avait déjà demandé l’ouverture d’une enquête contre M. Macri pour préjudice présumé envers l’Etat. L’affaire porte sur un accord financier passé entre son gouvernement et une entreprise appartenant à son père, qui était propriétaire de la poste argentine jusqu’en 2003. L’accord prévoyait l’effacement quasi total d’une dette s’élevant à 296 millions de dollars (279 millions d’euros au cours actuel). Face à l’ampleur du scandale, le chef de l’Etat avait dû faire marche arrière, annonçant avoir demandé au ministre des communications de « revenir à zéro » et de « négocier un nouvel accord ».

Un juge devra décider s’il faut ou non ouvrir une enquête dans cette affaire, qui suscite une vive polémique à Buenos Aires, où le président argentin a promis de la « transparence » au sein de son gouvernement et d’en finir avec la corruption.

Le 1er mars, dans un discours devant le Congrès pour l’ouverture de la nouvelle législature, M. Macri a promis de nouvelles lois pour renforcer la transparence de la classe politique : « J’ai demandé au bureau anticorruption de créer un mécanisme de contrôle de mon action afin d’évacuer tout soupçon de conflit d’intérêts. Je veux que tout soit transparent, que personne ne doute des décisions que je prends, car je suis le président pour tous, et mon devoir éthique est de défendre l’intérêt public et le patrimoine de l’Etat », a-t-il déclaré.

« Gaspillage »

Des accusations de corruption ont alors fusé entre partisans des Kirchner et défenseurs du gouvernement. « L’Argentine se remet debout après le gaspillage et la corruption. N’écoutons pas les voix de ceux qui veulent nous renverser », a lancé le président Macri, faisant allusion aux nombreux scandales de corruption qui ont secoué les gouvernements de Cristina Kirchner, inculpée dans plusieurs affaires, comme plusieurs de ses anciens ministres.

Ces soupçons sur la probité du président pourraient l’affaiblir en cette année d’élections législatives cruciales, prévues le 27 octobre, et alors que la situation sociale est tendue : lundi 6 mars, une grève massive des enseignants, qui réclament des augmentations de salaires, a paralysé la rentrée scolaire.