Sandrine Rousseau, Isabelle Attard, Annie Lahmer, and Elen Debost, quatre femmes qui avaient porté plainte contre Denis Baupin, ont tenu une conférence de presse, mardi 7 mars. | THOMAS SAMSON / AFP

C’est la première fois qu’elles se retrouvaient, toutes les quatre ensemble, pour parler de cette histoire qu’elles ont rendue publique il y a dix mois. Mardi 7 mars, Isabelle Attard, députée écologiste du Calvados, Sandrine Rousseau, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Elen Debost, maire adjointe EELV du Mans, et Annie Lahmer, conseillère régionale EELV d’Ile-de-France, avaient donné rendez-vous aux médias dans un café parisien pour se féliciter de la décision du parquet de Paris dans cette affaire.

Lundi, ce dernier a annoncé que l’enquête ouverte pour harcèlement et agressions sexuelles à l’encontre du député écologiste de Paris Denis Baupin était classée sans suite pour prescription. Le communiqué du procureur de Paris, François Molis, souligne toutefois que « les faits dénoncés, aux termes de déclarations mesurées, constantes et corroborées par des témoignages, sont pour certains d’entre eux susceptibles d’être qualifiés pénalement », a déclaré le procureur de Paris, François Molins, dans son communiqué de presse.

En mai 2016, ces quatre femmes, ainsi que quatre autres qui avait témoigné de façon anonyme, avaient dénoncé dans Mediapart et sur France Inter les agissements de cette ex-figure des Verts. Trois d’entre elles avaient porté plainte, rejointes par Véronique Haché, actuelle directrice d’Autolib’, pour une agression sexuelle en 2004. « Pour nous, c’est une vraie victoire, a réagi Mme Attard. Même si l’ensemble des faits sont prescrits, cela ne veut pas dire pour autant que Denis Baupin est innocent. Nous avions besoin d’exprimer notre joie de savoir que nos témoignages ont été validés par la justice. »

Même sentiment pour Mme Rousseau qui veut voir un « signe » dans le choix du parquet de communiquer deux jours avant la journée du droit des femmes du 8 mars. « Le “libertinage incompris”, ça n’existe pas, a également jugé Mme Lahmer. Quand une femme dit non, c’est non ! » Mme Debost a, pour sa part, confié avoir eu du mal à se réjouir dans un premier temps. « Dans les faits, le monsieur [Denis Baupin] peut continuer tranquillement sa vie », a-t-elle regretté, même si elle estime aujourd’hui que cette décision judiciaire est une « bonne nouvelle ».

Pour Mme Rousseau, le combat ne s’arrête cependant pas là : « Il y a encore des bastions à conquérir. » Les quatre responsables écologistes ont donc décidé de s’adresser aux candidats à la présidentielle, regrettant leur « silence » sur le sujet. Elles ont annoncé le lancement le 22 mars d’un site Internet, vousaurezmonvotesi.org, qui constituera une plateforme de propositions visant à interpeller les prétendants à l’Elysée « sur les inégalités et les violences faites aux femmes ».

Denis Baupin veut porter plainte

Toutes les quatre ont aussi rappelé la difficulté de s’exprimer dans ce type d’histoire. « Seule, aucune d’entre nous n’aurait témoigné », a rappelé Mme Attard. Pour elles, leur action n’aura pas été vaine, malgré le classement sans suite de l’enquête. « Le simple fait que la parole ait été libérée est une victoire », a jugé Mme Attard. « Les femmes parlent, a cependant nuancé Mme Rousseau. La question, c’est comment on entend ces femmes qui parlent. »

Peu après leur conférence de presse, M. Baupin, qui avait laissé son avocat réagir lundi, s’est longuement exprimé dans une interview au site du Journal du dimanche. « La prescription n’est pas mon alliée, juge le député de Paris, qui a décidé de ne pas se représenter en juin. Certains tentent de la transformer en présomption de culpabilité. C’est toute la perversité de cette opération : lyncher médiatiquement sans que les enquêtes puissent aller au bout. »

Ce dernier annonce son intention de déposer quatre plaintes « pour dénonciation calomnieuse contre [ses] accusatrices » et une autre contre EELV « pour diffamation ». « L’affaire Baupin ce n’est pas une affaire de harcèlement sexuel mais une opération de diffamation en bande organisée, affirme-t-il. Ces gens ont décidé de monter ce coup pour nous nuire publiquement, à ma femme Emmanuelle Cosse et à moi. » L’élu parisien a déjà porté plainte contre Mediapart et France Inter pour diffamation.