Lundi 6 mars

Attendue depuis le revers judiciaire d’une première mouture, la nouvelle version du décret migratoire de l’administration Trump a été signée, lundi. Amendé pour surmonter toute objection de la justice et éviter un deuxième tollé mondial, le texte interdit pour une durée de 90 jours l’entrée aux Etats-Unis aux voyageurs de six pays musulmans. L’accueil de réfugiés est également suspendu pendant 120 jours, le temps de mettre en place de nouvelles procédures pour vérifier le passé des demandeurs.

Principaux amendements par rapport au décret du 27 janvier bloqué par la justice fédérale : l’Irak ne fait plus partie des pays dont les ressortissants sont interdits d’entrée aux Etats-Unis ; les résidents permanents (« cartes vertes ») et les détenteurs de visas sont explicitement protégés. Dans le cas des réfugiés, les Syriens sont logés à la même enseigne que ceux originaires d’autres Etats, alors qu’ils étaient initialement bannis sine die. En outre, les réfugiés dont le voyage était déjà planifié pourront venir. La préférence accordée aux minorités religieuses persécutées, qui avantageait les chrétiens, a été supprimée.

Les ONG et l’opposition démocrate ont néanmoins dénoncé un texte à peine édulcoré et toujours discriminatoire. La grande association de défense des droits civiques ACLU a promis de le contester à nouveau.

La citation du jour

« Il y a eu d’autres immigrés qui sont venus ici au fond des navires négriers, qui ont même travaillé plus longtemps et plus dur et pour moins. Mais eux avaient aussi le rêve qu’un jour leurs fils, leurs filles, leurs petits-fils, leurs petites-filles, leurs arrière-petits-fils, leurs arrière-petites-filles puissent trouver la richesse et le bonheur sur cette terre. »

Le ministre du logement de Donald Trump, Ben Carson, a déclenché un tollé lundi en affirmant que les esclaves étaient des immigrés qui avaient aussi « un rêve » américain. « C’est ça l’Amérique : une terre de rêves et d’opportunités », a déclaré l’ancien candidat à l’investiture républicaine, lui-même Noir, lors d’un discours devant les fonctionnaires de son ministère. Ces remarques sont « tragiques, choquantes et inacceptables », a estimé le Anne Frank Center USA : « Non, Monsieur Carson, les esclaves n’ont pas immigré en Amérique. Ils ont été amenés ici violemment, contre leur volonté, et ont vécu ici privés de liberté. »

Le tweet du jour

« Acheter américain et employer des Américains sont les principes au cœur de mon programme, qui est : EMPLOIS, EMPLOIS, EMPLOIS ! Merci @exxonmobil. »

Le président Donald Trump et Exxon Mobil Corp ont échangé leurs éloges, lundi, après que la compagnie pétrolière a annoncé un plan d’investissements de 20 milliards de dollars sur dix ans dans des usines sur la côte du golfe du Mexique, qui permettra de créer des milliers d’emplois. Ce projet est cependant antérieur à l’arrivée du républicain à la Maison Blanche, puisqu’il comprend des investissements qui ont commencé en 2013.

En bref

  • Polémique après l’interdiction d’entrée d’une Canadienne aux Etats-Unis

Le cas d’une ressortissante canadienne de 30 ans, refoulée dimanche à la frontière américaine, a tourné la polémique. Lundi au Parlement à Ottawa, l’opposition a reproché le silence du gouvernement de Justin Trudeau face à la politique migratoire de Donald Trump.

A la fin d’un interrogatoire de 6 heures, il a été demandé à la jeune femme d’aller chercher un visa d’entrée auprès des services consulaires américains. Elle s’y est rendue lundi mais l’ambassade s'est révélée impuissante… puisqu’elle n’a pas besoin d’une telle autorisation. Selon les accords entre les deux pays, un ressortissant canadien est dispensé de visa pour entrer aux Etats-Unis et inversement.

Le chef du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), Thomas Mulcair, a vivement interpellé le premier ministre Trudeau en lui demandant de « prendre position contre la politique raciste des Etats-Unis ». Pour ce responsable politique, la douane américaine applique arbitrairement des interdictions d’entrée liées aux origines. Domiciliée à Montréal, Manpreet Kooner est née au Canada de parents indiens.

  • Les républicains dévoilent leur projet d’abrogation d’Obamacare

La majorité au Congrès a lancé lundi le coup d’envoi de la réforme du système de santé et de l’abrogation de la réforme de Barack Obama. « Notre proposition de loi transfère le pouvoir de Washington vers les Américains », a déclaré Kevin Brady, président d’une des commissions de la Chambre des représentants chargées de la réforme. Le projet, qui sera débattu dans les mois prochains par les parlementaires, supprime l’obligation universelle de s’assurer et va dans le sens d’un désengagement de l’Etat fédéral.

Mais le texte conserve deux acquis majeurs d’Obamacare : la possibilité pour les enfants de rester sur l’assurance de leurs parents jusqu’à 26 ans, et l’interdiction aux assureurs de discriminer les patients en fonction de leurs antécédents médicaux. L’aile conservatrice du Grand Old Party devrait s’offusquer d’un volet de la réforme : la création d’un crédit d’impôt, entre 2 000 et 14 000 dollars par an, afin d’aider les Américains à payer leurs primes d’assurance.

  • Washington songe à séparer les enfants clandestins de leurs parents

Le secrétaire américain à la sécurité intérieure John Kelly a déclaré lundi qu’il envisageait une telle mesure dans le but de décourager un maximum de personnes d’entrer aux Etats-Unis illégalement. « Je ferais presque n’importe quoi pour dissuader les gens d’Amérique centrale de se lancer dans ces réseaux très dangereux qui les amènent à travers le Mexique et jusqu’aux Etats-Unis », a-t-il affirmé dans une interview sur CNN.

Le Mexique est lui aussi déterminé à détruire ces réseaux de passeurs très dangereux dans lesquels une immense majorité de femmes subissent des violences sexuelles, a fait valoir le ministre. « Nous avons beaucoup d’expérience pour nous occuper des mineurs non accompagnés », en les mettant dans des foyers spécialisés ou en les rapprochant de familles d’accueil. « On traiterait bien ces enfants pendant qu’on s’occupe de leurs parents », a encore affirmé cet ancien général.