François Fillon au Zenith d'Orléans, le 7 mars. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Depuis qu’il est candidat, François Fillon passe son temps à chercher un créneau pour relancer sa campagne. A chaque fois, son agenda lui échappe. En décembre, la polémique sur son projet de sécurité sociale a brisé la dynamique de la primaire. Fin janvier, le premier article du Canard enchaîné a transformé sa campagne en course d’obstacles. Les rebondissements judiciaires, le mirage d’un plan B, les défections… Entre deux coups d’arrêt, son équipe souffle un bon coup et compte les jours avant le premier tour.

Mardi 7 mars, au lendemain du renoncement définitif d’Alain Juppé, François Fillon a donc tenté de faire redémarrer sa campagne, deux jours après le rassemblement du Trocadéro. « Certains annonçaient et espéraient un flop ; d’autres prédisaient des tensions et des bagarres ; certains mêmes me soupçonnaient de vouloir attaquer nos institutions, comme si à 63 ans j’allais commencer une carrière de putschiste », s’est félicité l’ancien premier ministre en parodiant une phrase du général De Gaulle devant son public réuni au Zenith d’Orléans à qui il a avoué : « Si les rangs avaient été clairsemés, si la place avait été vide, j’en aurais tiré les conclusions. »

Tambouille partisane

Sa convocation par les juges prévue le 15 mars ne l’a pas fait lâcher. Mais François Fillon aurait donc pu abandonner si la foule l’avait abandonné. En héritier du gaullisme dont il ne cesse d’user de la rhétorique, François Fillon puiserait donc sa ténacité – son « obstination », dirait Alain Juppé – dans cette foule. « Depuis toujours, on dit que l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme et son pays et non une affaire de parti. Dimanche, il y avait là tous les signes d’une rencontre puissante », a-t-il poursuivi.

En coulisses, François Fillon met pourtant aussi les mains dans la tambouille partisane. Après avoir perdu le soutien de centaines d’élus, il a besoin de rassembler sa famille politique. Une famille éparpillée entre les ultra-fillonistes, ceux qui doutent encore et les orphelins du plan B perdus dans la nature. « Maintenant, j’appelle au rassemblement, j’appelle à la mobilisation, j’appelle à l’action ; j’invite toutes les forces de ma famille politique à se reprendre », a déclaré le candidat avant d’envoyer un signe à l’UDI : « J’invite solennellement et amicalement nos partenaires centristes à rejoindre ma campagne. » Lors de son bureau exécutif, mardi soir, la formation centriste, qui avait suspendu sa participation à la campagne, mercredi dernier, a conditionné son soutien au respect des « initiatives annoncées », c’est-à-dire à l’accord législatif.

Une entente compliquée avec les juppéistes

Pour colmater les brèches à droite, François Fillon devrait faire des annonces en début de semaine prochaine. En ce qui concerne les sarkozystes, il ne devrait pas y avoir de problème. « Nous ne masquons pas la réalité, les difficultés, mais nous devons surmonter ce que nous pouvons ressentir pour nous engager autour du candidat de notre famille », a déclaré Brice Hortefeux, mardi matin, à la sortie de la réunion des proches de l’ancien chef de l’Etat. François Baroin devrait avoir un rôle très important. L’idée d’un ticket est envisagée.

Du côté des juppéistes, les choses sont plus compliquées. Alain Juppé n’a montré aucun enthousiasme à s’entretenir avec le candidat. L’entrevue entre Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux et M. Fillon a donc été annulée. Ce dernier a par contre rencontré Jean-Pierre Raffarin, mardi matin. Il pourrait remplacer Bruno Le Maire en tant que représentant du candidat aux affaires européennes et internationales.Les autres, tels Benoist Apparu ou Gilles Boyer, mèneront campagne dans leur coin. « On sera plus dur avec certains », confie l’entourage du candidat avant de positiver : « Ce qu’il s’est passé depuis une semaine a été très marquant. Mais cela a eu l’effet positif d’évacuer définitivement la tentation d’un plan B. »

Au moment du meeting, le Canard enchaîné arrivait dans les rédactions avec la révélation d’un prêt accordé au candidat en 2013 par l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière. Un prêt de 50000 euros qu’il avait omis de préciser sur sa déclaration de patrimoine. Il n’y a peut-être plus de plan B. Mais il reste encore beaucoup d’obstacles sur la route de l’Elysée.