Farid Kharraki (à droite) et Jonathan Guyot (à gauche), l’ancien policier de la brigade des stupéfiants, au tribunal correctionnel de Paris, le 8 mars. | BENOIT PEYRUCQ / AFP

Mercredi 8 mars, tribunal correctionnel de Paris. Cela fait déjà quelques minutes que Farid Kharraki s’agite sur son siège en écoutant son principal coprévenu, l’ex-policier de la brigade des stupéfiants, Jonathan Guyot, s’enferrer dans ses explications sur les lourdes charges qui pèsent contre lui dans l’affaire du vol de 52 kilogrammes de cocaïne au 36 quai des Orfèvres.

Identifié par la fonctionnaire de faction au siège de la police judiciaire et par plusieurs de ses collègues comme étant l’homme à casquette qui est entré au « 36 », dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014, avec des sacs de supermarché vides et en est ressorti, une heure plus tard, avec des sacs pleins, l’ancien policier peine notamment à expliquer les multiples SMS qu’il a échangés avec Farid Kharraki, juste avant et juste après cette intrusion et justifie ces échanges par le rôle de « tonton » – indicateur dans le jargon policier – que celui-ci jouait auprès de lui.

Farid Kharraki, qui a été arrêté au Maroc où il s’était enfui juste après la révélation de l’affaire, a toujours nié avoir eu connaissance de ce vol de cocaïne. Confronté à la découverte par les enquêteurs d’importants investissements immobiliers réalisés au Maroc dans les jours qui ont suivi le vol, il avait expliqué avoir été en contact quelques mois avec Jonathan Guyot auquel, affirmait-il, il reversait un pourcentage sur ses ventes de cannabis.

Les menaces qui pèsent sur sa famille

Depuis, il est détenu avec l’étiquette très lourde à porter en prison de « balance », qui le contraint à l’isolement. Et le voilà soudain qui se lève et demande la parole.

« Moi, je suis pas un indicateur, je ne suis pas un tonton », répète-t-il obstinément en évoquant les menaces qui pèsent sur sa famille. Puis, tout à trac, il lâche : « La cocaïne a bien été sortie par Jonathan Guyot. Moi, j’ai fait la connexion avec un trafiquant et j’ai pris un peu d’argent au passage comme intermédiaire, c’est tout, c’est dit, c’est pas la peine de tourner autour du pot. Il ajoute : Je suis entouré de policiers dans cette affaire, c’est eux les voleurs, c’est ça la vérité, c’est quand même pas normal ! » Les quatre prévenus fonctionnaires de police baissent la tête.

La procureure lui fait répéter ses propos et demande immédiatement que ceux-ci figurent au procès-verbal d’audience. Les avocats de Jonathan Guyot, qui tentent depuis le début du procès, de soutenir l’innocence de leur client dans ce vol, semblent tétanisés. C’est la première fois que Farid Kharraki accuse explicitement son coprévenu. Le président suspend l’audience pour leur permettre de s’entretenir avec leur client. Reprise des débats jeudi 9 mars.