Un « entretien de travail » entre le premier ministre M. Cazeneuve et le candidat du Parti socialiste (PS) à la présidentielle, jeudi 9 mars, au QG de campagne de Benoît Hamon, le 9 mars. | LAURENCE GEAI / « LE MONDE »

Il n’a d’autre choix que d’accélérer. A quarante-cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, Benoît Hamon doit défendre sa place dans la bataille, alors que les enquêtes électorales le donnent à la quatrième place, distancé par François Fillon. Il est l’invité de « L’Emission politique » de France 2 jeudi 9 mars.

Dans la journée, le candidat des socialistes et des écologistes s’est affiché aux côtés du premier ministre, Bernard Cazeneuve, à son quartier général de campagne. « Il est important (pour moi) d’avoir le soutien du premier ministre, de profiter de son expérience, des qualités qui sont les siennes », a souligné le candidat face à M. Cazeneuve, qui lui a accordé son soutien du bout des lèvres, dans une prise de parole qui ressemblait davantage à une mise en garde. « Je suis venu ici à la demande de Benoît Hamon (…) après avoir dit à plusieurs reprises ma disponibilité dans cette campagne pour être utile », a-t-il déclaré, ajoutant :

« J’ai (…) dit à Benoît Hamon ce que je lui ai toujours dit franchement. Nous sommes à un moment où il faut rassembler, et rassembler tous ceux qui sont déterminés à lutter contre le Front national, et en ce qui concerne le candidat investi par la primaire, il faut rassembler toute sa famille politique. »

Un message qui est en substance celui que lui adressent certains membres de sa famille politique, qui lui reprochent d’avoir passé plus de temps à tenter de faire alliance avec Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon qu’à réunir son camp après sa victoire face à Manuel Valls lors du second tour de la primaire de la gauche.

Appel au « sang-froid » du PS

Jeudi, des membres du pôle réformateur, dont fait partie l’ancien premier ministre, ont été contraints de démentir une rumeur de parution imminente d’une tribune dans laquelle ils auraient annoncé leur ralliement à Emmanuel Macron. « Une intox », selon le député Gilles Savary, alors que le début de semaine a été marqué par l’annonce du soutien de Bertrand Delanoë au candidat d’En Marche et que Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a émis, dans un entretien au Monde, de fortes réserves quant à la campagne de Benoît Hamon.

Dans une interview au Parisien jeudi, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, a apporté son soutien à M. Hamon, affirmant qu’il « n’est jamais bon de s’asseoir sur un vote », en l’espèce celui des deux millions d’électeurs de la primaire, et appelant une nouvelle fois les socialistes à garder leur « sang-froid » et à ne pas « se précipiter » dans les bras d’Emmanuel Macron.

« Mettre l’austérité en minorité »

Au cœur du plan de relance de sa campagne, l’annonce, jeudi, dans un entretien au Monde, des grandes lignes de son projet européen.

M. Hamon propose la création d’une « Assemblée parlementaire de la zone euro », dont la prérogative serait notamment de « débattre publiquement et de décider du budget de la zone euro ». Il explique :

« Je considère que la clé européenne est démocratique : si on redonne une transparence et une légitimité aux choix faits par les institutions européennes, les citoyens auront le sentiment d’être mieux entendus et l’Europe sera mieux comprise. Mon objectif avec cette Assemblée démocratique est de mettre l’austérité en minorité. Autre enjeu pour le candidat socialiste : défendre sa proposition phare, sur le revenu universel, qui divise son camp. »