La volonté du chef de la Maison Blanche de faire payer ce mur par le Mexique avait provoqué fin janvier l’annulation d’une visite du président mexicain Enrique Pena Nieto à Washington. | © Edgard Garrido / Reuters / REUTERS

Jean-Marc Ayrault, le ministre des affaires étrangères français, a appelé, jeudi 9 mars, le cimentier LafargeHolcim à la responsabilité. Le géant franco-suisse s’est en effet dit prêt à vendre son ciment pour le mur anticlandestins promis par le président Donald Trump. Jean-Marc Ayrault a déclaré :

« Lafarge dit “je ne fais pas de politique”. Très bien, mais je rappelle que les entreprises et nous avons travaillé au gouvernement pour développer cette dimension ont aussi une dimension sociale et environnementale. J’en appelle à ses responsabilités. Elle devrait bien réfléchir à ses propres intérêts : il y a d’autres clients qui vont regarder ça avec une certaine stupéfaction. »

La volonté du chef de la Maison Blanche de faire payer ce mur par le Mexique avait provoqué, à la fin de janvier, l’annulation d’une visite du président mexicain Enrique Pena Nieto à Washington. Jean-Marc Ayrault, qui a condamné « les méthodes » du président américain, a ajouté :

« J’ai rencontré mon homologue mexicain (…), je peux vous dire le malaise que ça crée au Mexique, le trouble profond dans la relation entre le Mexique et les Etats-Unis. »

Profiter des dépenses d’infrastructures

Dans un entretien à l’Agence France-Presse, Eric Olsen, le PDG du groupe industriel affirme :

« Nous sommes prêts à fournir nos matériaux de construction pour tous types de projets d’infrastructures aux Etats-Unis. Nous sommes le premier cimentier aux Etats-Unis (…). Nous sommes ici pour soutenir la construction et le développement du pays. »

Le groupe est aux Etats-Unis « pour servir [ses] clients et répondre à leurs besoins. Nous ne sommes pas une organisation politique », défend le PDG.

Le géant, né en 2015 de la fusion entre les cimentiers français Lafarge et suisse Holcim, se distingue de son rival irlandais CRH, qui a fait savoir qu’il ne fournirait pas de matériaux pour la construction du mur du président Trump.

L’entreprise, qui a renoué avec les bénéfices en 2016, admet vouloir être un des grands gagnants du programme d’investissements de 1 000 milliards de dollars (950 milliards d’euros) promis par Donald Trump pour rénover les infrastructures américaines. « Nous sommes bien placés pour tirer profit de ces investissements », anticipe d’ores et déjà Eric Olsen.

Le dirigeant promet d’ailleurs de futures créations d’emplois aux Etats-Unis, un geste susceptible d’attirer les faveurs de l’administration Trump. « Je ne peux pas donner de chiffre exact mais ce sera important », avance Eric Olsen.

Autre élément qui pourrait séduire M. Trump, élu sur la promesse de ramener emplois et usines aux Etats-Unis, LafargeHolcim dispose de sites de production au Texas et des opérations dans le Nouveau-Mexique et en Arizona, soit trois des quatre Etats américains frontaliers du Mexique.

Le groupe vient par ailleurs de construire deux nouvelles usines dans le Maryland et l’Oklahoma, et a ouvert de nouvelles capacités dans les Etats de New York et du Missouri, en prévision du redressement en cours du secteur de la construction.