Au lendemain d’incidents dans des lycées à Saint-Denis pour lesquels huit mineurs vont être présentés à la justice, le gouvernement s’est retrouvé mercredi sous le feu des critiques de la droite et du Front national, en pleine campagne présidentielle.

Après des incidents aux abords du lycée Suger, dans le quartier réputé difficile du Franc-Moisin, des jeunes s’en étaient pris mardi aux policiers et avaient commis des dégradations dans cette ville de Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.

« Il y a quelque chose de brisé dans notre République », a lancé François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle. Il a dénoncé « une véritable émeute, suivie d’une guérilla urbaine dans les rues ». « Cette situation n’est pas tolérable. Moi, je ne la tolérerai pas ! »

La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), qui s’était rendue sur place, a annoncé que la région porterait plainte. Elle a « renouvelé » sa demande au gouvernement « de protéger les abords des lycées franciliens, qui depuis plusieurs semaines sont le théâtre d’incidents violents ».

La candidate du Front national à la présidentielle Marine Le Pen a, elle, critiqué « une réaction minimale » du gouvernement. « Le premier ministre est sans doute trop occupé à faire campagne contre ma candidature pour se soucier de ce qui se produit dans le pays ! », a-t-elle accusé, appelant à « restaurer l’ordre républicain et reconquérir les territoires perdus de la République ».

Le gouvernement réplique

Le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a répliqué en mettant en garde « ceux qui cherchent à exploiter » ces violences « inacceptables » à « des fins électorales ».

La ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a appelé, jeudi matin sur RTL Marine Le Pen et François Fillon à s’occuper d’abord « de leurs affaires » judiciaires avant de « donner des leçons ». Elle a déclaré sur RTL :

« Je n’admets pas que l’on souffle sur les braises comme le font M. Fillon et Mme Le Pen, qui je le rappelle, à titre personnel, dans le cadre de cette campagne se soustraient à la justice pour les affaires qui les concernent. (…) Ils passent leur temps à déclarer la justice de ce pays illégitime et non indépendante, comment veulent-ils faire respecter cette même justice par les jeunes qui nous écoutent ? »

La ministre a rappelé avoir renforcé la sécurité autour de plusieurs lycées de Saint-Denis, notamment le lycée Suger, après « l’intrusion de casseurs qui ont semé la terreur » mardi matin. Elle avait d’emblée condamné « avec la plus grande fermeté » ces faits « absolument inadmissibles », a-t-elle rappelé, soulignant que la police a « fait son travail » en interpellant 55 jeunes ensuite placés en garde à vue.