Les cours par correspondance ne conviennent pas à tout le monde. | uowebdev (CC by 2.0)

« Etre seule devant ses bouquins pendant deux ans, ce n’est pas évident, prévient Alix Heurtaut, qui a passé son BTS de gestion agricole à distance. On est responsable de notre formation, ce n’est pas du tout comme au lycée. »

Pour son camarade Julien (le prénom a été modifié), la liberté a été trop grande. Les leçons étaient trop techniques à son goût… et puis toutes ces fêtes ! Il ne s’est pas présenté aux ­examens. « C’est beaucoup plus dur d’assimiler un cours quand on est seul. Il faut bien ­cibler la formation qu’on choisit », témoigne-t-il.

Bonheur et angoisse de gérer son temps

Autonomie, maturité et discipline, tels sont les ingrédients de la réussite. Car « savoir gérer son temps est le mot d’ordre. Se former à distance est compatible avec un job, mais il faut ­beaucoup d’organisation », selon Anne ­Patrinos, de Hattemer Academy, un établissement privé d’enseignement à distance.

La formation en ligne convient à des élèves plutôt scolaires, mais aussi à certains jeunes en décrochage. Exclue de son lycée, Faustine Zanetta Monti a passé le bac L avec le Centre national d’enseignement à distance (CNED). « Je suis très indépendante et autonome, assez solitaire dans le travail », expose la jeune femme, qui conseille de faire « une bonne remise en question avant de se lancer ».

Elle s’est régalée à organiser son emploi du temps : « Mon cerveau n’est pas fait pour apprendre à 8 heures du matin, je commençais plus tard. En ­revanche il m’arrivait de réviser la philo jusqu’à 2-3 heures du ­matin, c’était romantique ! ».

Résister à la procrastination

Lorsqu’on choisit de préparer un diplôme depuis chez soi, seule une motivation en acier trempé permet de résister à la tentation de la triche durant les contrôles. Mais surtout au démon de la procrastination. Un défi immense pour Golbou, qui a validé un DAEU (diplôme d’accès aux études universitaires) à distance : « Je suis très ­motivée mais, livrée à moi-même, j’étais incapable de me concentrer. Je repoussais toujours la leçon à plus tard. »

Finalement, les élèves curieux, qui aiment apprendre pour ­apprendre, partent gagnants. « J’étudie pour moi, pas pour un prof ou une bonne note. J’aime résoudre une équation, comprendre le monde grâce à l’histoire-géo, découvrir les façons de penser en philo… », analyse ainsi Esther Pingault, qui prépare son bac S à distance.

Travailler de loin, mais surtout pas seul

Un environnement stimulant est une autre clé de réussite. L’un a révisé en bibliothèque avec des amis étudiants, l’autre s’appuie sur les encouragements de ses parents, la troisième s’organise des sessions de tennis entre amis en fin de journée… Pour Golbou, le salut est venu des révisions au café avec des élèves de sa formation. « Enfin je me sentais en ­société, pas comme une ermite abandonnée ! », raconte-t-elle.

En 2016, les nouvelles technologies permettent aussi d’atténuer la solitude. A l’université de Rouen, qui propose des licences à distance de lettres ou de droit, Murielle Giles et Sandrine Syrykh, deux ingénieures pédagogiques, travaillent à imaginer les formations de demain. « Nous utilisons des serious ­games, des forums Internet, des salles virtuelles où les apprenants se retrouvent… On les implique au maximum », décrivent-elles. Formation connectée ou pas, la motivation de l’étudiant sera toujours sa principale alliée. Ne serait-ce que pour allumer l’ordinateur.