Sébastien Destremau à son arrivée aux Sables d'Olonne, le 11 mars 2017. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Avec l’arrivée de Sébastien Destremau, samedi 11 mars à 2 heures du matin, se termine cette huitième édition du Vendée Globe, la course à la voile autour du monde en solitaire, sans escales et sans assistance. Une édition 2016-2017 marquée par la victoire d’Armel Le Cléac’h (Banque-Populaire) en 74 jours, un duel entre ce dernier et Alex Thomson, des abandons, des démâtages et des gréements de fortune… Retour sur cette édition en chiffres.

74 jours. En franchissant la ligne d’arrivée en tête le 19 janvier, Armel Le Cléac’h a pulvérisé de quatre jours le record établi en 2013 par François Gabart. Le skippeur de Banque-Populaire a bouclé son tour du monde en 74 jours 3 heures et 35 minutes ! Depuis la première édition en 1989, le temps de référence n’a cessé d’être amélioré, avec un gain de 35 jours en vingt-sept ans. Cette année, il faut noter que trois marins, Armel Le Cléac’h, Alex Thomson (Hugo-Boss) et Jérémie Beyou (Maître-CoQ) sont passés sous la barre emblématique des 80 jours de mer.

35 jours gagnés en vingt-sept ans
Temps du vainqueur de chaque édition du Vendée Globe, en nombre de jours
Source : SAEM Vendée

Dans l’histoire du Vendée Globe, ils sont désormais quatre avec François Gabart à avoir réussi cette performance. Et trois skippeurs ont terminé leur tour du monde en 80 jours : Jean-Pierre Dick sur St-Michel-Virbac en 80 jours 1 h 45 minutes, suivi moins d’une heure et demie après par Yann Elies sur Quéguiner-Leucémie-Espoir et trois après par Jean Le Cam sur Finistère-Mer-Vent.

124 jours de mer. Après l’arrivée d’Armel Le Cléac’h et d’Alex Thomson à la mi-janvier, les arrivées des skippeurs suivants se sont étirées sur le mois de février et pour les derniers même en mars. Un écart important. Sébastien Destremau est arrivé 50 jours après Armel Le Cléa’h, un des écarts entre le vainqueur et le dernier skippeur les plus importants de l’histoire du Vendée Globe.

Vendée Globe 2016, 50 jours d'écart entre Armel Le Cléac'h et Sébastien Destremau
Ecart entre le temps de course du vainqueur et du denrier, lors de chaque édition du Vendée Globe, en nombre de jours
Source : SAEM Vendée

Et pourtant Sébastien Destremau n’aura passé « que » 124 jours en mer, ce qui fait de ce Vendée Globe un des plus rapides de l’histoire après l’édition de 2012 où le dernier skippeur Alessandro di Benedetto avait terminé en 104 jours 2 heures et 34 minutes. Il faut noter qu’en 2012 seuls onze concurrents avaient terminé le tour du monde, alors que, cette année, ils sont dix-huit à avoir terminé.

Le Vendée Globe 2016, un des plus rapides de l'histoire
Temps de course du denier skippeur, en nombre de jours
Source : SAEM Vendée

Ces écarts importants, et une part importante d’aventuriers par rapport aux projets venus « pour la gagne », qui interrogent certains skippeurs. Cette année, la flotte a été divisée en quatre groupes. Une des pistes envisagée pour réduire ces écarts est de limiter l’âge des monocoques. Cette année, il y avait dix-neuf ans d’écart entre les bateaux les plus anciens et les monocoques à foils de dernière génération. Une autre piste, évoquée par certains skippeurs, serait de relever le niveau des qualifications.

11 abandons. Le 6 novembre dernier, ils étaient 29 skippeurs à prendre le départ de cette huitième édition, la participation la plus importante de l’histoire de la course. Et, ils sont dix-huit à avoir vaincu l’Everest des mers. Avec seulement onze skippeurs qui n’ont pas terminé ou un taux d’abandon de 37 %, cette édition fait partie des Vendée Globe avec le moins d’abandons.

Vendée Globe 2016 : peu d'abandons
Part des abandons sur le nombre de skippeurs au départ
Source : SAEM Vendée

Démâtage, avarie de quille, de gréement, de structure ou de foil, les raisons des abandons ont été multiples. Parmi toutes ces avaries, le sauvetage de Kito de Pavant (Bastide-Otio) restera un des événements marquant de cette huitième édition. Comme l’avarie de Thomas Ruyant (Le Souffle-du-Nord) qui a réussi à rallier la Nouvelle-Zélande alors que son monocoque menaçait de se briser. Ou encore le démâtage du « Crazy Kiwi » Conrad Colman (Foresight-Natural-Energy) à un peu plus de sept cent milles nautiques de l’arrivée. Le skippeur néo-zélandais a franchi la ligne le 24 février, sous gréement de fortune, après cent dix jours de course. Seuls Philippe Poupon et Yves Parlier avaient déjà franchi la ligne d’arrivée sous gréement de fortune en restant en course.

En regardant de plus près la liste des abandons, on constate que sept des onze abandons sont des skippeurs qui appartenaient à la première partie de la flotte, dont quatre qui pouvaient prétendre aux premiers postes : Vincent Riou, Morgan Lagravière, Sébastien Josse ou Paul Meilhat. A propos du faible taux d’abandons, surtout parmi les skippeurs à petit budget, Vincent Riou n’est pas trop surpris : « Le risque d’abandon vient de deux choses : du niveau technologique des bateaux et de la manière de les mener. Ceux qui sont plus dans la catégorie des aventuriers ont des bateaux de générations anciennes mais assez robustes, et ils ne les mènent pas au même niveau de performances que ceux qui jouent la gagne », a-t-il expliqué à nos confrères de Tip & Shaft (Tip & Shaft nº 56 du 17 février).

Ainsi s’achève ce Vendée Globe 2016-2017. Quelques skippeurs ont déjà annoncé leur participation à la neuvième édition qui partira en novembre 2020.