Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, mercredi 8 mars à Berlin. | STEFFI LOOS / AFP

Les relations se sont tendues entre la Turquie et les Pays-Bas. Le gouvernement néerlandais a décidé, samedi 11 mars, d’interdire l’atterrissage du vol du ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui avait prévu de se rendre à un meeting à Rotterdam pour encourager le renforcement du pouvoir présidentiel turc.

Mevlut Cavusoglu avait affirmé, samedi matin, sur la chaîne CNN-Turk son intention de venir aux Pays-Bas, en menaçant d’« imposer de lourdes sanctions » si les autorités néerlandaises le lui interdisaient. Cette menace a « rendu impossible une solution raisonnable », a déclaré le chef du gouvernement néerlandais, pour justifier l’interdiction d’atterrir.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a, à son tour, menacé de riposter à cette interdiction. « Ce sont les vestiges du nazisme, ce sont des fascistes », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement à Istanbul. « Vous pouvez interdire à notre ministre des affaires étrangères d’atterrir, mais désormais voyons comment vos avions vont atterrir en Turquie. »

Une réunion publique annulée

Mevlut Cavusoglu devait assister à une réunion publique destinée à convaincre les ressortissants turcs vivant aux Pays-Bas de voter pour le référendum organisé le 16 avril en Turquie, renforçant les pouvoirs du président Erdogan.

Mais le maire de Rotterdam avait annoncé, mercredi, que ce rassemblement était annulé, au motif que la salle où devait se tenir l’événement n’était plus disponible. Le lendemain, le ministre néerlandais des affaires étrangères avait opposé un refus plus clair à la venue de son homologue turc :

« Nous ne participerons pas à la visite d’un responsable gouvernemental turc qui veut mener une campagne politique pour le référendum. Par conséquent, nous ne coopérerons pas. Aucun des moyens habituels fournis pour une visite ministérielle ne sera accordé. () Les Pays-Bas assument la responsabilité de l’ordre public et la sécurité des citoyens néerlandais, personne d’autre. »

Tensions diplomatiques avec l’Allemagne

La campagne pour le référendum du 16 avril a déjà suscité de vives tensions diplomatiques entre la Turquie et l’Allemagne, alors que plusieurs villes allemandes avaient annulé des rassemblements pro-Erdogan dans le pays, qui compte 1,4 million d’électeurs turcs. Recep Tayyip Erdogan a même fustigé, dimanche, Berlin d’avoir recours à des « pratiques nazies ».

La Suisse et l’Autriche ont également interdit vendredi la tenue sur leur sol de meetings électoraux en présence de membres du parti AKP au pouvoir en Turquie.

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