Les réseaux sociaux sont un nouvel intermédiaire entre le candidat et le recruteur. | Flickr

Que l’on soit en quête d’un emploi ou d’un stage, la période s’annonce propice : « En 2017, le marché de l’emploi des cadres devrait être porteur », avec une hausse des embauches estimée entre 2 % et 10 %, a expliqué le directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), Jean-Marie Marx, en présentant, à la fin février, les résultats de l’étude annuelle menée auprès de 11 000 entreprises. Et ce sont les jeunes diplômés qui « profiteraient davantage de la dynamique à l’œuvre sur le marché ».

Sur le terrain, l’embellie est d’ores et déjà perceptible, selon François Cousin, consultant de l’Apec à Rouen : « Nous retrouvons un niveau d’offre d’emploi similaire à 2008, avant la crise économique et financière, même si toutes les régions et tous les secteurs ne redémarrent pas à la même vitesse », précise-t-il.

Pour profiter de ces opportunités, voici quelques conseils donnés par trois experts dans l’emploi des jeunes diplômés, également valables pour ceux qui recherchent un stage.

Avoir une stratégie à soi

Voilà un conseil qui semble évident, mais qu’il est nécessaire de rappeler : « Avant de tirer sur tout ce qui bouge et d’inonder les entreprises de CV et de lettres de motivation, il faut en revenir à soi. L’idée, c’est de partir de son projet avant de définir une stratégie digitale », précise François Cousin, qui raconte voir régulièrement des jeunes diplômés qui s’inquiètent de ne recevoir aucune réponse des recruteurs.

« Dans 90 % des cas, ce ne sont pas les outils qui sont en cause, mais l’inadéquation entre le projet professionnel et la réalité du marché du travail. Certains sont des doux rêveurs, d’autres se surestiment quand d’autres ont des problématiques d’immobilité. » Mieux vaut donc d’abord identifier son projet : quel secteur professionnel ? Quel type de poste ? Quels types d’entreprises (grands groupes, start-up, etc.).

Contrôler son e-reputation

L’étape d’après consiste à « travailler » son image sur les réseaux sociaux. Que fait un recruteur qui veut des renseignements sur un candidat ? « Il va taper son nom dans Google. Il faut que le profil LinkedIn remonte à ce moment-là, et qu’il soit plus visible que les autres profils Facebook, Twitter, etc. », explique Anne Zuccarelli, directrice entreprises et carrières à l’Edhec, école de commerce lilloise.

Si les étudiants des grandes écoles sont souvent formés à la construction de leur image sur les réseaux sociaux professionnels, « les jeunes diplômés de l’université n’ont pas tous reçu des enseignements adéquats », estime François Cousin, qui conseille toujours de paramétrer son profil Facebook pour le rendre privé. Et rappelle que le mélange des genres entre sphère publique et sphère privée pourrait jouer en votre défaveur.

« Si j’ai quarante CV et que je dois en sélectionner quinze, je vais affiner mon opinion en voyant ce qui ressort sur Google », argumente le conseiller de l’Apec. Il faut en moyenne entre cinq et dix secondes pour se faire un avis sur une candidature, autant ne pas le parasiter avec des erreurs basiques, telles des photographies.

Pour vous en prémunir, tapez votre nom dans Google et examinez les photographies qui pourraient vous désavantager aux yeux des recruteurs (fêtes, vacances, famille, etc.). Vous pouvez demander au site qui les héberge de ne plus les afficher, ce qui les fera disparaître des résultats des moteurs de recherche. A savoir également, la loi Informatique et libertés prévoit désormais un « droit à l’oubli » spécifique aux mineurs et une procédure accélérée pour l’exercice de ce droit.

Incontournable LinkedIn

Même si d’autres réseaux sociaux professionnels existent comme la plate-forme française Viadéo, de l’avis de François Cousin et d’Anne Zuccarelli, chercher un emploi sans avoir de profil LinkedIn est devenu une gageure. « Plus personne dans le monde professionnel ne peut se passer d’un profil LinkedIn », tranche Anne Zuccarelli. « LinkedIn, qui compte 12 millions de membres, est parvenu à s’immiscer dans la relation du recruteur et du candidat », analyse de son côté François Cousin.

Pour tirer au mieux parti du réseau social professionnel, Esther Ohayon, directrice de la communication de LinkedIn, donne plusieurs conseils : « Un profil complet augmente de 21 fois le nombre de vues, il faut donc au minimum une photo, un titre et un résumé de quarante mots. Pour comprendre quels mots-clés utiliser dans votre description, allez voir les offres et les annonces sur le réseau. Et n’oubliez pas de renseigner vos compétences, cela augmente de 17 fois votre visibilité. »

Autre conseil : évitez les buzzwords, ces mots si largement utilisés qu’ils vous desserviront plus qu’ils ne vous aideront, selon Esther Ohayon. « Pour montrer que vous êtes dynamique, mieux vaux évoquer votre participation à une compétition sportive ou à un travail bénévole dans une association. » Dernier écueil à éviter : le mensonge ou l’amplification. « Je me souviens qu’à l’époque où je cherchais du travail, j’avais inscrit dans mes hobbies le jazz nordique. Lors d’un entretien d’embauche, le recruteur qui était l’un des cinq spécialistes de ce jazz, m’a évidemment interrogé. Heureusement pour moi que c’était vrai », se souvient François Cousin.

Pour commencer à faire vivre son réseau sur ce site, le plus simple est de partir de l’existant : vos amis, votre famille, les personnes rencontrées en stage. « Il ne faut pas hésiter à regarder le parcours de la personne qui fait le job de vos rêves. Vous pouvez demander une mise en relation, mais en recontextualisant l’invitation », souligne Mme Ohayon. Néanmoins, il faut être attentif à ne pas être intrusif. « Il faut savoir à quel niveau de connexion on peut prétendre, inviter des gens trop haut placés peut être mal perçu », ajoute Mme Zuccarelli.

Faire jouer tous ses réseaux, mêmes ceux IRL

Une fois la stratégie professionnelle et digitale décidée, il ne s’agit pas de se cacher derrière son ordinateur en oubliant d’entretenir ses réseaux « IRL » (In Real life). Se déplacer aux conférences, aux salons, aux jobfairs, etc., en bref, entretenir une présence physique peut aussi débloquer des pistes. « Peu importe le canal, ce qui m’importe, c’est que mes jeunes diplômés trouvent du travail. Tout doit être cumulé, le réseau digital, mais aussi les candidatures spontanées et le réseau amical et familial », conclut M. Cousin.