La nouvelle rame du TGV L’Océane, à Bordeaux, le 11 décembre 2016. | MEHDI FEDOUACH / AFP

C’est l’événement ferroviaire de 2017 : l’ouverture au public, à partir du 2 juillet, des deux lignes à grande vitesse TGV L’Océane et TGV Ouest, vers Bordeaux et Rennes. La SNCF en distille les annonces : après l’inauguration de la ligne vers Bordeaux fin février, une levée du voile sur les horaires, début mars, voici la nouvelle grille tarifaire, révélée lundi 13 mars et dont les billets seront accessibles à la vente dès le 15 mars.

Le moment est important : il déterminera l’équation économique de ces nouvelles lignes TGV, un train qui souffre d’une image de transport cher et qui doit trouver sa rentabilité alors que les prix des péages ferroviaires sont en hausse.

1. En quoi consiste la nouvelle offre ?

« Voyager plus vite », c’est évidemment le point fort mis en avant par la SNCF : Paris-Rennes en 1 h 25 au lieu de deux heures, Bordeaux relié en 2 h 04 au lieu de 3 h 14… Les villes d’un large Sud-Ouest, au-delà de Bordeaux, font partie des grandes gagnantes de l’opération. Bayonne sera atteinte en moins de quatre heures et les Toulousains rallieront Paris en 4 h 08 contre 5 h 31 au mieux aujourd’hui.

L’autre atout de l’offre, c’est « l’augmentation de la cadence, avec un train toutes les heures, et même toutes les trente minutes aux heures de pointe, sur Bordeaux, Rennes et Nantes », se félicite la compagnie. Bordeaux bénéficiera de 33,5 allers-retours quotidiens, ce qui permet de transporter dans les nouvelles rames à deux étages 35 000 voyageurs par jour. « Les retours entre 17 heures et 20 heures, c’est comme si on faisait décoller 36 A320 en nombre de voyageurs transportés », explique la directrice générale de Voyages SNCF, Rachel Picard.

2. Entraîne-t-elle une augmentation des prix ?

Oui. La SNCF reconnaît que l’ouverture de deux nouvelles lignes à grande vitesse provoquera une augmentation tarifaire. Mais celle-ci sera « limitée et toujours inférieure au gain de temps », promet l’entreprise. L’augmentation moyenne des prix devrait être limitée à 10 euros sur une liaison Paris-Bordeaux et à 6 euros pour un Paris-Rennes, sachant que l’ensemble des premiers prix et les abonnements n’augmentent pas.

Concrètement, un voyageur d’affaires pressé verra son billet de seconde classe Bordeaux-Paris passer de 67 à 77 euros, soit 15 % de hausse. « Mais si notre client modifie légèrement son horaire, nous lui garantissons un tarif à 45 euros maximum », explique Gwendoline Cazenave, directrice du TGV Atlantique.

3. Y a-t-il des offres promotionnelles nouvelles ?

« Que la grande vitesse reste populaire », c’est le leitmotiv et l’objectif de la direction de Voyages SNCF. Dans cette optique, les premiers prix, dits Prem’s, (20 euros pour un Paris-Rennes, 25 euros pour un Paris-Bordeaux) resteront les mêmes qu’aujourd’hui alors que l’offre gagne en qualité et en quantité. « Nous doublons réellement le nombre de billets Prem’s mis en vente », assure Mme Cazenave.

La grande nouveauté, c’est l’arrivée dans le Sud-Ouest de l’offre de TGV low-cost Ouigo : un tarif adulte à partir de 10 euros, et surtout un tarif enfant fixe de 5 euros. Sur ces trains Ouigo dédiés, 50 % des 900 000 billets proposés à la vente entre juillet et décembre seront inférieurs ou égaux à 25 euros.

Quant aux clients qui veulent réserver au dernier moment, la compagnie leur garantit un tarif à moins de 50 euros jusqu’à la dernière minute, sur l’ensemble des destinations Atlantique, mais sur les trains les moins demandés.

4. Quelles sont les conséquences de la disparition d’iDTGV ?

La nouvelle offre grande vitesse s’accompagne d’une tentative de simplification de la tarification. Elle passe par l’arrêt progressif des iDTGV, qui entraînaient un doublon avec la nouvelle offre low-cost Ouigo. Sur les TGV Atlantique, l’intégralité de ces petits prix (environ 4 % de l’offre) devient des billets Prem’s.

5. Comment est calculé le prix du billet ?

Difficile finalement de savoir si les usagers du train gagneront à cette nouvelle offre. La SNCF, qui ne chiffre pas le montant global de la hausse tarifaire, est sous forte contrainte financière. Les péages TGV, qui constituaient un tiers des coûts, pèseront pour 50 % sur le tronçon Tours-Bordeaux affirme l’entreprise.

Quelle sera, dans ces conditions, la proportion réelle de petits prix ? Les lignes TGV sont désormais gérées par des experts. Ces derniers modulent l’offre tarifaire, train par train, en temps réel, réduisant les promotions dès lors que le train se remplit, les augmentant quand il reste vide. Nul doute que ces traders du ferroviaire ont des objectifs ambitieux.