Rob Sherman, chargé de la protection de la vie privée pour Facebook, a annoncé lundi 13 mars une mise à jour des conditions d’utilisation de la plate-forme, ainsi que d’Instagram. Cette actualisation vise les développeurs qui créent des logiciels utilisant les données issues des deux réseaux sociaux, qui devront désormais « protéger les informations [qu’ils] reçoivent, afin d’éviter les accès, emplois ou diffusions non autorisés ». « Par exemple, n’utilisez pas les données pour créer un outil destiné à des fins de surveillance », conseille l’article en question.

Cette décision fait suite à la mobilisation de plusieurs associations de défense des libertés, comme Color of Change, le Center for Media Justice, ou encore l’ACLU (Americain Civil Liberties Union of California). Toutes trois avaient dénoncé dans une lettre en octobre le fait que Facebook, Instagram et Twitter laissaient leurs données aux mains d’entreprises, aux dépens des « libertés démocratiques ».

Des militants de « Black Lives Matter » surveillés

Parmi ces firmes, Geofeedia avait été particulièrement visée. Sise à Chicago, cette start-up avait pour objectif d’aider les forces de l’ordre de Californie à surveiller les manifestants lors des marches de protestation organisées par l’association Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent »). Or plusieurs réseaux sociaux lui avaient donné accès à des informations sur leurs utilisateurs, comme des géolocalisations, qui d’ordinaire n’étaient pas publiques, mais réservées aux seuls développeurs, qui pouvaient les consulter grâce à une interface spécifique.

Après la médiatisation des faits, Facebook, Instagram et Twitter avaient suspendu ou restreint leur collaboration avec Geofeedia.

La mise à jour hier des conditions d’utilisation des deux premières plates-formes est donc un pas de plus en ce sens. « Nous sommes engagés dans la construction d’une communauté où les gens peuvent se sentir en sécurité lorsqu’ils s’expriment, a expliqué Rob Sherman. Ces modifications vont nous aider à [l’améliorer] et à décourager certains comportements indésirables. »

Twitter avait déjà inclus dans les siennes une obligation pour les développeurs de ne pas fournir à des entités des contenus destinés à « enquêter sur, suivre ou surveiller les utilisateurs ». Les groupes de défense des libertés civiles ne cessent, depuis la victoire à l’élection présidentielle de Donald Trump, de multiplier les mises en garde contre « les portes dérobées de la surveillance ».