« Les garçons ont un pénis, les filles ont une vulve. Qu’on ne te trompe pas », peut-on lire sur ce bus. C’est la version raccourcie d’un slogan incitant à la haine de l’association Hazte Oír. | Zipi/Sipa

« Les garçons ont un pénis, les filles ont une vulve. Qu’on ne te trompe pas. Si tu es né homme, tu es homme. Si tu es une femme, tu continueras de l’être. » Inscrit sur les flancs et l’arrière d’un autobus affrété par l’association ultra-catholique espagnole Hazte Oír (« fais-toi entendre »), ce message visant les transsexuels a provoqué une vive polémique en Espagne. Le bus a commencé à parcourir les rues de Madrid le 27 février. Un tour du royaume était même prévu, mais un juge n’a pas tardé à se saisir de l’affaire pour en interdire la circulation, estimant que le message, qui s’adresse « aux personnes avec une orientation sexuelle différente, la niant et blessant leur dignité », pourrait constituer un délit d’incitation à la haine.

« L’inquisition gay a imposé sa dictature », a aussitôt réagi le président d’Hazte Oír, Ignacio Arsuaga, contournant l’interdiction en affrétant une caravane dont le slogan a été raccourci à deux questions : « Les garçons ont-ils un pénis ? Les filles ont-elles une vulve ? »

Anti-IVG, anti-mariage pour tous

Hazte Oír fut l’une des principales organisations à agiter la rue durant les grandes réformes sociétales du mandat de l’ex-président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero. Lors des manifestations qu’elle menait contre le mariage gay, la libéralisation de l’IVG ou les cours d’éducation pour la citoyenneté qui promouvait la tolérance envers toutes les orientations sexuelles, on voyait défiler aussi bien des évêques que des cadres du Parti populaire (PP, droite). Jusqu’à ce que l’élection du pape François et la nomination d’un nouvel archevêque en Espagne ainsi qu’une ouverture du PP avec le gouvernement de Mariano Rajoy ne lui fassent perdre une part de son pouvoir d’influence.

Qualifiée « d’utilité publique » en 2013 par l’ex-ministre de l’intérieur conservateur Jorge Fernández Díaz, connu comme membre de l’Opus Dei, Hazte Oír ne paie pas d’impôt foncier et ses donateurs peuvent déduire leurs contributions des impôts. Et si elle compte à peine 7 000 membres, l’association aux 2,6 millions d’euros de revenus (selon les comptes de 2015) n’en demeure pas moins puissante.