Le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du premier ministre, Mark Rutte – ici, le 15 mars à La Haye – a remporté les élections législatives aux Pays-Bas, selon les sondages sortis des urnes. | JOHN THYS / AFP

Le premier ministre libéral, Mark Rutte, semble avoir battu son rival d’extrême droite, Geert Wilders, mercredi 15 mars aux Pays-Bas, lors de législatives scrutées à la loupe en Europe. Les deux sondages de sortie des urnes établis par des instituts néerlandais créditaient les libéraux de 31 sièges sur les 150 de la chambre basse du Parlement, et attribuaient 19 sièges à l’Appel chrétien-démocrate, aux progressistes de D66 et au Parti pour la liberté de M. Wilders.

Tour d’horizon des enseignements à tirer de ces résultats, s’ils se confirment.

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Mark Rutte en tête. Mark Rutte, le premier ministre sortant, a gagné son duel avec le populiste xénophobe Geert Wilders. Son Parti populaire libéral et démocrate (VVD) reste, de loin, le premier du pays. M. Rutte pourra aisément faire oublier les 10 sièges perdus par sa formation, qui en conserve 31 sur 41, en se recommandant de sa large victoire sur le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders.

Une défaite pour Geert Wilders. Même s’il gagne 4 sièges (19), Geert Wilders essuie un échec qui lui laissera un goût amer. Il avait été crédité depuis des mois d’un score largement supérieur et se rêvait en premier ministre. Le « printemps populiste » qu’il espérait pour lui-même et pour l’Europe n’a pas démarré aux Pays-Bas. « Rutte n’est pas encore délivré de moi ! », a-t-il mercredi soir pour tenter de remotiver ses partisans.

La chute du Parti du travail. L’effondrement annoncé du Parti du travail (PVDA, social-démocrate) s’est réalisé. Avec 9 sièges sur les 38 qu’elle avait conquis en 2012, la formation qui était alliée à M. Rutte au cours des quatre dernières années subit un recul historique. Son soutien à la sévère cure d’austérité menée par le gouvernement, dans le secteur de la santé notamment, a été sanctionné, comme la faiblesse de son actuelle direction.

Des membres du parti écologiste GroenLinks, qui a réalisé une percée lors des législatives du 15 mars 2017 aux Pays-Bas. | ROBIN VAN LONKHUIJSEN / AFP

La percée des écologistes. Le plus grand gagnant de la soirée est, en fait, le parti GroenLinks (GL) du jeune Jesse Klaver, le « Trudeau néerlandais ». Son parti quadruple son nombre de sièges, passant de 4 à 16. Il en espérait même un peu plus, sur la base des sondages qui ont ces derniers jours fait de GL le deuxième parti du pays. M. Klaver se contentera de diriger le plus fort des partis de gauche. Le SP (équivalent de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon) perd un siège (14).

Fractionnement du paysage. La montée des petits partis se confirme, ce qui accroît le fractionnement du paysage politique. ChristenUnie, un parti social d’inspiration chrétienne réformée (6 sièges, + 1), le Parti des animaux (5, + 3) et 50 Plus, le parti des retraités (4, + 2) progressent tous. Deux partis font leur apparition : le Forum pour la démocratie (conservateur eurosceptique), de l’intellectuel Thierry Baudet, et Denk, fondé par des dissidents d’origine turque du Parti social-démocrate, remportent respectivement 2 et 3 sièges.

Quelle coalition ? La dernière leçon est qu’il sera manifestement compliqué de former une coalition. Il reste à M. Rutte, qui devrait prendre rapidement la main, à convaincre au moins trois autres partis de s’allier à lui pour atteindre le nombre nécessaire de sièges, 76. Il pourrait négocier avec les chrétiens-démocrates du CDA (19 sièges, + 6) et les centristes réformateurs de D66 (19 sièges, + 7). Cela ne suffira toutefois pas : il devrait aussi convaincre les écologistes ou les sociaux-démocrates. L’autre hypothèse, assez improbable, serait une alliance de gauche rassemblant six partis, dont les écologistes. La forte participation électorale (82 %, + 7,4 points) n’a décidément pas simplifié les choses pour les dirigeants du pays.

Qui est Geert Wilders, le leader de l’extrême droite néerlandaise ?
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