Affiches électorales des candidats aux élections legislatives néerlandaises à La Haye le 14 mars. | DYLAN MARTINEZ / REUTERS

Vingt-huit partis, 1 114 candidats et 150 sièges en jeu. Les élections législatives se déroulent, mercredi 15 mars, au Pays-Bas. Ce qu’il faut savoir avant ce scrutin.

  • Quels sont les enjeux de ce vote ?

Les Néerlandais se rendent à l’isoloir, quelques semaines avant les Français et les Allemands. Les 12,9 millions d’électeurs pourraient donner l’élan à une vague d’extrême droite, marquée par un euroscepticisme, une posture anti-immigration et anti-islam qui semble prendre de plus en plus de poids dans les pays de l’Union européenne (UE).

Après les victoires surprises du « oui » au référendum sur le Brexit et de Donald Trump à la présidentielle américaine, le député d’extrême droite Geert Wilders est l’énigme de ce scrutin-baromètre. Il pourrait enregistrer son plus haut score jusqu’à présent.

  • Qui est dans la course ?

Les deux formations en tête des sondages sont le Parti pour la Liberté (PVV, extrême droite) de Geert Wilders et le Parti populaire libéral et démocrate (VVD, centre droit) du premier ministre Mark Rutte. Autour, gravite une myriade d’autres partis, moyens et petits.

Au total, ils sont vingt-huit à se disputer les 150 sièges de la chambre basse du Parlement où 76 sièges sont nécessaires pour constituer une majorité. Loin d’être insignifiantes, ces formations « secondaires » détournent les électeurs des partis traditionnels. Elles possèdent en outre un véritable pouvoir dans le système de représentation proportionnelle néerlandais : celui de faire pencher la balance des coalitions.

  • Quels thèmes sont au cœur de la campagne ?

Alors que le continent européen est aux prises avec sa pire crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale, les thèmes de l’islam et de l’immigration ont pris de la place dans la campagne. S’il devenait premier ministre, Geert Wilders a ainsi promis d’interdire la vente des Corans, de fermer les mosquées et de bloquer l’accès du pays aux immigrés musulmans.

Dans une tentative manifeste de courtiser les électeurs d’extrême droite, d’autres candidats ont davantage mis l’accent sur ce qu’ils appellent les « valeurs néerlandaises ». Comme l’a fait le premier ministre lui-même, en écrivant dans une lettre ouverte publiée dans la presse : « agissez normalement ou partez. »

Si la sécurité sociale, la retraite et les conditions de travail sont restées au cœur des plus grands débats, ces derniers jours, les élections ont été parasitées par les tensions grandissantes entre La Haye et Ankara.

  • Comment marche ce processus électoral ?

« Tous les gouvernements de l’après-seconde guerre mondiale étaient des gouvernements de coalition, soutenus par deux partis ou plus pour obtenir une majorité », rappelle la chambre basse sur son site Internet.

Après la communication des résultats officiels par le Conseil électoral, mardi 21 mars, la nouvelle chambre, fraîchement installée le 23 mars, nomme un « formateur ». C’est à lui qu’incombe la tâche de constituer le futur « kabinet ». Cette mission, menée à coups de négociations avec les chefs de partis, peut prendre plusieurs semaines, voire des mois. D’après les médias néerlandais, il faut en moyenne trois mois.

Une fois l’accord de gouvernement engrangé, le « formateur » compose l’exécutif. Le roi assermente ensuite les nouveaux ministres et secrétaires d’Etat. Et le formateur voit généralement ses talents de médiateur récompensés en devenant premier ministre.

  • Quelle pourrait être l’issue de ces législatives ?

Resté plusieurs mois en tête des sondages, le PVV de Geert Wilders a reculé à la deuxième place, derrière le VVD de Mark Rutte. Mais même s’il était le grand vainqueur des élections, le parti d’extrême droite serait probablement exclu du gouvernement : les chefs de file de nombreuses formations ont écarté toute possibilité de collaboration avec ce dernier.

Le VVD pourrait, lui, s’allier aux forces de l’Appel chrétien démocrate (CDA) et des sociaux-libéraux (D66) pour tenter d’atteindre les fameux 76 sièges constituant la majorité. Mais pour consolider une majorité fragile, les écologistes de GroenLinks ou d’autres pourraient se voir attribuer le rôle de faiseurs de rois.